« Rationaliser les agences publiques et les instances consultatives nationales » : qu'en termes élégants ces choses-là sont dites ! Quel beau titre pour cette proposition de résolution. Nous avons affaire à des auteurs pragmatiques, rationnels que je n'aurai pas l'outrecuidance de contredire, sauf à passer pour un hurluberlu mâtiné de bolchevisme. Un titre en résonance avec cet article chaudement recommandé par le site En Marche : « rationaliser l'action publique », ou avec la dernière réforme du règlement adoptée et discutée par la seule majorité et qui promet de « rationaliser », de « fluidifier » le travail parlementaire.
D'ailleurs, qui pourrait s'élever contre l'idée de rendre plus conforme à la raison la moindre organisation ? Pour ce qui nous concerne, héritiers de la pensée rationaliste – certes quelque peu teintée de marxisme – , nous devrions naturellement partager cette soif de rationalisation qui saisit le « nouveau monde ». Oui, mais l'expérience nous conduit à être prudents : derrière le vocabulaire dont abuse le pouvoir, derrière ces nouveaux mots, se cachent bien souvent des réalités qui peuvent s'avérer violentes ; un lexique de l'expertise, de l'efficacité, de la modernité, des mots qui peuvent légitimer bien des maux.