Dans ces conditions, il est normal que les Français considèrent que le compte n'y est pas.
Je ne vais pas décrire toute la politique de réduction de la fracture numérique que mène le Gouvernement, mais l'enjeu consiste à permettre aux Français de se connecter, à former à internet les 6 millions d'entre eux qui doivent l'être, et à faire en sorte que les sites de dématérialisation de démarches administratives soient conçus à partir de l'utilisateur, de tous les utilisateurs – je pense en particulier aux 20 % de Français en situation de handicap.
Comme Mme Valérie Rabault l'a laissé entendre, qu'il s'agisse de la santé, des territoires, ou des douanes, l'organisation territoriale, administrative et institutionnelle de notre pays, héritage de plusieurs siècles d'administration, en particulier de l'après-guerre, est percutée par de grands mouvements de populations, tels que ceux que l'on observe dans la ruralité, mais aussi par des usages.
Le fait est qu'il y a de plus en plus de déclarations de revenus en ligne, que le volume du courrier baisse chaque année de 5 à 10 %, que les Français vont de plus en plus aux urgences, et que la désertification rurale amène à conserver des services de santé parfois sous-utilisés, donc sous-critiques, ce qui pose des problèmes sanitaires.
Ces phénomènes, qui ne sont ni le résultat de l'action du Gouvernement ni celui d'une quelconque malédiction, constituent bien de grandes tendances de société auxquelles l'administration et l'État se sont insuffisamment adaptés jusqu'à maintenant. Au fond, Mme Valérie Rabault pose le problème de la transition.
En effet, il faut à la fois résoudre ces problèmes, sachant que la solution ne passe pas par la dépense publique, mais qu'il faut prendre les choses à la racine et donner des réponses en termes d'organisation, tout en accompagnant la transition.
Il est vrai que l'accompagnement de la transition ne se fait pas exactement de la même manière selon que vous avez 50 ou 100 % de dette publique. Sur ce sujet du rapport à la dette publique, madame la députée, nous n'avons peut-être pas la même approche – si je me souviens bien de discussions que nous avons eues par le passé, cela ne date pas d'hier. Cela dit, à l'aune des critiques qui sont aujourd'hui les vôtres, je remarque que le quinquennat de François Hollande n'a pas toujours été exemplaire sur ce plan.
Le fait est que la contrainte budgétaire est bien réelle, tout le monde le reconnaît, et qu'elle n'est pas l'héritage de l'action de ce Gouvernement, si je puis me permettre cette remarque. Elle vient d'un peu plus loin dans le temps. Elle n'est pas due au fait que le Gouvernement resterait les bras ballants, car nous avons annoncé des mesures extrêmement fortes en faveur des territoires.
En matière de santé, je pense à la fin du numerus clausus, au développement des maisons de santé pluriprofessionnelles, au gel de la fermeture des hôpitaux de proximité ou au déploiement accéléré des communautés professionnelles territoriales de santé pour recréer un service de santé au plus près des Français.
S'agissant de l'école, je pense aux efforts en matière d'encadrement des élèves : il est en hausse dans tous les départements, en particulier dans les cinquante départements les plus ruraux avec le dédoublement de 4 700 classes de CP et de CE1 à la rentrée 2018 dans les réseaux d'éducation prioritaire, y compris dans les zones rurales fragiles. Je pense aussi à l'engagement du Président de la République de ne fermer aucune école sans l'accord du maire de la commune d'ici à la fin du quinquennat.
Des mesures concernent aussi les villes moyennes, avec 5 milliards d'euros que l'État, la Caisse des dépôts et consignations, l'ANAH – Agence nationale de l'habitat – et Action logement consacreront sur cinq ans à la revitalisation des centres-villes des petites villes et des villes moyennes.
Il faut enfin citer la création des maisons France service, et la stratégie nationale pour les « tiers-lieux » mise en oeuvre par Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, et Julien Denormandie, ministre chargé de la ville et du logement. Cet élément, cité par de nombreux députés, répond à une logique basique mais indispensable : offrir des services publics à chacun, près de chez soi, de manière simple.
M. Ruffin et M. Jumel ont évoqué la politique industrielle. À titre personnel, je connais assez bien le sujet puisque, dans une autre vie, j'ai été, pendant un an et demi, chargé de l'usine du futur chez Safran, mais, également, plus simplement, agent de maîtrise pendant un an et demi, également chez Safran, dans l'usine de Gennevilliers, lieu historique de formation des cadres de Lutte ouvrière. J'ai donc pu côtoyer le sujet d'assez près.
La question de la politique industrielle est essentiellement une question d'emploi et de souveraineté.