Quand on se compare, on ne se rassure pas, on s'inquiète au contraire. Et, en France, l'État est le mauvais élève par rapport aux collectivités locales et à la sécurité sociale.
La Cour des comptes considère que la démarche de maîtrise des dépenses fiscales est en déshérence. Nous en avons largement parlé lors de cette séance d'évaluation des politiques publiques : l'État doit reprendre la main en la matière.
J'en viens à la dette. Les obligations assimilables du Trésor – OAT – à dix ans ne coûtent certes plus rien, voire rapportent de l'argent, mais il y a là un puissant effet de morphine. La dette de l'État a augmenté de 1,2 point de PIB en 2018. C'est ce que dit le Haut Conseil des finances publiques, dont les chiffres ne sont pas ceux de l'opposition ; si vous n'en êtes pas satisfaits, dites-le à M. Migaud.
Vous aviez, en 2018, la possibilité de rectifier le tir et d'utiliser la croissance, mais vous ne l'avez pas fait. Dans le programme de stabilité que vous avez transmis à la Commission européenne, vous avez abandonné 45 % de votre objectif de réduction du déficit sur la durée du quinquennat et dit adieu au retour à l'équilibre des finances publiques en 2022. Je sais bien que c'est difficile, mais vous auriez pu utiliser la croissance pour le faire. Vous avez dégradé votre effort de diminution de la dépense publique, celle-ci repartant à la hausse dès 2019. Au fond, l'assainissement des finances publiques n'est plus la priorité du Gouvernement, si tant est qu'elle l'ait jamais été ; le discours de politique générale du Premier ministre a achevé de m'en persuader.
Ainsi, monsieur le ministre, lorsque l'on regarde brièvement les chiffres, qui valent en effet mieux qu'un long discours, l'exercice 2018 est un exercice manqué.