Intervention de Bruno Studer

Réunion du mardi 18 juin 2019 à 21h05
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Studer :

Je vous remercie, monsieur le rapporteur, d'avoir cité mes modestes travaux. L'Alsace présente cette particularité de pratiquer une langue régionale qui est aussi la langue vivante d'un pays voisin. Or, la pratique de cette langue régionale au sens traditionnel est en très net recul. La volonté politique de faire de l'Alsace un territoire bilingue franco-allemand est réelle, sous couvert de la référence à la langue régionale qui, pour les parents qui inscrivent leurs enfants dans ce type d'enseignement, englobe des réalités et des motivations très variées. Pour certains, il s'agit d'aider l'enfant à trouver un emploi de l'autre côté de la frontière ; pour d'autres, il s'agit d'une véritable question d'identité. Pour d'autres encore, l'objectif est celui d'un évitement de l'école de secteur, car la question de la mixité scolaire dans les sections bilingues est réelle.

C'est pourquoi nous devrons avoir un débat approfondi en séance publique sur le pôle d'excellence. La politique d'enseignement actuelle, encadrée par la convention quadripartite à laquelle il a précédemment été fait référence, souffre d'un manque d'évaluation criant. On ignore si le fait de commencer dès la petite section dans l'enseignement bilingue produit une différence par rapport à l'inscription initiale en moyenne section – l'ajout ou la suppression d'effectifs en dépend pourtant, et cette question n'est pas négligeable dans le contexte de pénurie des ressources humaines. Le recrutement d'enseignants capables d'assurer cet enseignement bilingue pose difficulté. De même, nous ne disposons d'aucune évaluation de l'efficacité comparée de l'enseignement bilingue paritaire et de l'enseignement bilingue progressif, ni des motivations des enfants à la sortie d'un cycle primaire bilingue.

En clair, ce pôle d'excellence, qui sera au service de l'enseignement linguistique partout en France, devra se saisir à bras-le-corps de cette question de l'évaluation. Tout ne peut naturellement pas figurer dans la loi, mais nous devrons avoir ce débat en séance publique pour définir les missions de ce pôle d'excellence afin de remédier à l'inexistence actuelle de l'évaluation.

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