Le ministre nous dit que c'est un projet de loi visant à rehausser l'ambition nationale dans ce domaine. C'est un objectif tout à fait normal et légitime au vu de l'urgence, qui est plus que criante. En l'état, je réserverai l'avis de mon groupe en ce qui concerne l'article 1er, mais ce que j'ai entendu à propos des précisions que le rapporteur semble vouloir apporter me laisse penser qu'il y aura des éléments intéressants. Vous avez également dit, Monsieur le ministre, que les résultats doivent suivre. Nous nous accordons sur ce point. Je voudrais faire deux autres remarques préalables.
J'imagine que l'ensemble des membres de la commission partageront la première. Sur ce sujet, l'énergie et le climat, il faudrait s'adresser au monde. On doit avoir un peu d'humilité dans la démarche. La France n'est pas seule, évidemment, sur le plan européen et international. L'ambition que nous défendons est aussi à mettre en regard des politiques menées par certaines grandes puissances : les nuages de Tchernobyl ne s'arrêtent pas aux frontières. Or chacun sait quel est le climat international, avec le climatosceptique Donald Trump aux États-Unis, le capitalisme d'État productiviste qui règne en Chine, le président Bolsonaro au Brésil, nouveau massacreur de la forêt amazonienne, et cette grande puissance pétrolière qu'est l'Arabie saoudite – qu'en sera-t-il demain dans cette monarchie ? Ce sont de vraies questions qui devraient nous interpeller, même si ce projet de loi n'est pas le cadre qui convient, sur notre politique internationale.
Je voudrais également évoquer l'aide au développement. Il est évident que la France a une responsabilité en tant que puissance engagée dans ce domaine, même si on peut débattre des efforts que nous consentons. Il y a de véritables enjeux qui concernent le continent africain, l'Asie du Sud-Est et d'autres régions du monde en matière de production d'énergie, d'accès à l'alimentation et à l'eau ou encore de gestion des déchets. Cela pose aussi la question de la coopération internationale que notre pays entend conduire.
Je suis largement resté à la périphérie du contenu du projet de loi jusqu'à présent. J'en viens maintenant, et rapidement, aux questions essentielles que pose ce texte, selon nous : l'outil qu'est EDF, son unicité et ses capacités d'investissement, ce qui renvoie notamment à ce que Mme Marie-Noëlle Battistel a indiqué à propos de l'hydraulique – nous ne pourrons pas en débattre, mais cela fera son chemin ; la question des énergies renouvelables, et notamment la nécessité d'en finir avec la jungle que constitue l'éolien terrestre et de bien voir les externalités négatives qui existent ; la question de la domination de l'électrique et du basculement à venir vers cette énergie, ainsi que la vigilance à exercer en ce qui concerne l'indépendance nationale et l'environnement, y compris chez les autres ; l'habitat et le bâtiment ; la reconversion industrielle ; les tarifs de l'électricité, enfin, et la question de la précarité énergétique – nous n'avons pas obtenu les résultats indispensables pour assurer un accès social au droit à l'électricité.