Il y a vingt-cinq ans, je découvrais Mayotte. Or fouler le sol mahorais, c'est ne plus jamais le quitter. Mayotte est un émerveillement permanent, sous l'eau, sur l'eau, sur terre. En réalité, pas vraiment. La carte postale, que l'anthropisation a sérieusement écornée, a peu à peu perdu de sa superbe. L'envers de l'image, ce sont les déchets, omniprésents, les décharges à ciel ouvert, les caniveaux remplis de détritus, les cours d'eau où les femmes font directement leur lessive et qui deviennent blancs, la ville et les villages à l'habitat précaire, indigne, ces habitations que l'on appelle « bangas », faites de tôle, sur des sites où les effondrements sont fréquents, l'assainissement absent et les déchets, encore et toujours. Un tiers des habitants n'a pas d'accès direct à l'eau potable. Les milieux fragiles, les cours d'eau, la mangrove sont fortement pollués, 75 % des eaux usées se déversant directement dans les cours d'eau puis dans la mangrove et dans le lagon. Malgré tout cela, on ne peut qu'aimer Mayotte.