Il y a quelque chose qui n'est pas une légende : c'est la réclamation du ministre allemand des finances, qui a demandé à la France de bien vouloir céder son siège à l'Union européenne. Je veux bien que vous traitiez ça de fake news mais vous savez pertinemment que c'est une réclamation de l'Allemagne. Dans ce traité d'Aix-la-Chapelle, la France s'engage à ce que l'entrée de l'Allemagne au Conseil de sécurité des Nations unies comme membre permanent soit une priorité de la diplomatie franco-allemande, ce que je trouve, pour ma part, totalement délirant – mais on peut avoir des avis divergents.
Vous dites qu'il n'y aura jamais de partage, que c'est un mensonge. Vous pouvez le répéter dix fois, mais il est écrit ceci : « Ils coordonneront étroitement leurs positions » et « ils coopéreront étroitement au sein de tous les organes de l'Organisation des Nations unies ». Quand on coordonne sa politique, c'est que l'on partage avec quelqu'un, par définition, la défense de ses intérêts. Ce ne sont donc plus exclusivement les intérêts de la France qui sont défendus mais les intérêts franco-allemands, dont on ne connaît d'ailleurs pas les contours. En réalité, c'est déjà un partage de notre autonomie, de la défense de nos intérêts, puisque nous défendons des intérêts qui sont communs.
J'ai une autre question qui concerne le bilinguisme. Je suis désolée, mais nous ne sommes pas au café du commerce : il s'agit d'un traité. Le bilinguisme veut donc dire quelque chose. Ce n'est pas uniquement le fait que des Allemands apprennent à parler français et que des Français apprennent à parler allemand. Personne ne vous a attendue pour que ça arrive dans les zones frontalières. Tout le monde s'en réjouit : on trouve ça très bien. Le bilinguisme, c'est autre chose, madame la ministre, et vous le savez bien. Il est question, à l'article 13, de « l'objectif du bilinguisme ». Je suis navrée, mais je suis une juriste. Pour moi, le bilinguisme veut dire quelque chose qui est exactement l'inverse de ce qui est prévu à l'article 2 de la Constitution française, à savoir le fait de mettre sur le même plan deux langues, y compris pour l'intégralité des actes administratifs et pour les procédures judiciaires. Voilà ce qu'est le bilinguisme. Vous le refusez d'ailleurs dans d'autres cadres.