Monsieur le ministre, quand le Gouvernement et vous-même cesserez-vous de prendre les députés et les Français pour des gogos ? Nous vendons des armes à l'Arabie saoudite, nous sommes son deuxième client sur les dix dernières années et son troisième fournisseur d'armes. Qu'importent les 148 décapitations qui ont eu lieu en 2018, qu'importe l'assassinat d'un journaliste, qu'importe la guerre menée au Yémen, intitulée « Tempête décisive », qu'importent les 10 000 morts, qui sont à 90 % des civils, qu'importent les raids aériens sur les cars d'enfants, et les femmes visées par les bombardements, qu'importe que, d'après l'ONU, 14 millions de personnes soient menacées de famine ! Qu'importe : ce sont nos très chers amis ! L'Allemagne a décidé d'arrêter les ventes d'armes à l'Arabie saoudite et nous, nous continuons. Le pape François a pourtant déclaré que les pays qui envoient des armes en Arabie saoudite n'ont pas le droit de parler de paix.
Mais, et c'est là qu'on nous prend pour des gogos, on nous dit que ces armes ne servent pas à la guerre ! Mon oeil ! Comment croire que les chargements d'armes que l'on envoie à l'Arabie saoudite ne sont pas utilisés dans la guerre au Yémen ? On nous dit que ces armes sont seulement utilisées de manière défensive, mais il a été démontré, y compris par des notes internes, qu'elles servent de manière offensive. Une fois que cette preuve a été apportée, la seule réaction du Gouvernement a consisté à menacer les journalistes et à lancer des procédures contre eux : celui qui dit la vérité doit être bâillonné. À présent, on nous dit que même si ces armes font peut-être l'objet d'un usage offensif, elles ne sont pas dirigées contre les civils. Comment faire le tri entre toutes ces informations ?
Aujourd'hui, un cargo appartenant à l'Arabie saoudite et chargé d'armes se trouve à Fos-sur-Mer. Et que nous dit la ministre ? Qu'elle n'en savait rien ! Comment la croire ? J'aimerais que vous nous disiez franchement que vous vous fichez de ces massacres, que vous vous fichez que la France ait du sang sur son drapeau. Au nom du groupe La France insoumise, je tiens à vous qu'il serait plus honnête de le reconnaître avec franchise et sincérité.