Intervention de Caroline Fiat

Séance en hémicycle du mardi 25 juin 2019 à 21h30
Collectivité européenne d'alsace — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCaroline Fiat :

Le projet de loi que nous venons de discuter est d'une importance cruciale. Nous discutons ici de l'avenir de Strasbourg et de sa région.

J'entends le vif mouvement des Alsaciens, qui, en tant que Lorraine, sont mes voisins et amis. Ils souhaitent obtenir une collectivité aux compétences nouvelles, une indépendance vis-à-vis de la région Grand Est dont certains ont le sentiment qu'elle a retiré de la souveraineté et entraîné la perte de coutumes et de traditions.

Vous le savez, le groupe La France insoumise n'est pas favorable à ces grandes régions qui fédéralisent notre République. Nous avons toujours soutenu un pays unifié, qui se constitue et évolue de concert, avec les mêmes règles et les mêmes droits pour tous. C'est pour unir notre peuple que, dès le XVIe siècle, l'ordonnance de Villers-Cotterêts a institué le français comme langue nationale obligatoire et que, depuis la Révolution française, nous sommes réunis autour du drapeau tricolore.

Notre pays n'est pas une république ethnique ou régionaliste. C'est une république ouverte et universelle. Par cela, elle est un exemple de démocratie de par le monde. La France incarne les valeurs d'unité et d'ouverture. Notre République est inclusive. Nous y sommes attachés.

Depuis 2015, les régions, dont le Grand Est, ont mis à mal la décentralisation raisonnée de nos territoires. Ces grandes régions confèrent un poids colossal à chaque président de conseil régional, tout en l'ayant éloigné de ses administrés. Les grandes régions sont donc constitutives des mouvements régionalistes, autonomistes, qui se construisent comme une nouvelle fuite en avant à l'encontre de l'unité nationale.

Ce n'est pas la réponse que nous souhaitons proposer. En effet, si l'Alsace se dote demain de nouvelles compétences, quelles en seront les conséquences concrètes pour les autres collectivités ? Quel avenir s'annoncera-t-il pour elles ?

Prenons un exemple. Dans les différentes compétences élargies dont bénéficiera la nouvelle collectivité, l'Alsace pourra gérer des routes qui sont aujourd'hui placées sous la responsabilité de l'État. La future collectivité entend remettre à jour une écotaxe locale. Le projet peut séduire, surtout à un moment d'éclat écologiste dans la population, comme le montrent les marches pour le climat de la jeunesse en Europe ou le poids grandissant de l'écologie au sein de chaque famille politique.

Cependant, pourquoi l'Alsace pourrait-elle expérimenter seule cette mesure ? Et que ferions-nous si l'inverse se produisait : si la France souhaitait mettre en place à nouveau une écotaxe, l'Alsace pourrait-elle refuser cette dernière et imposer sa propre forme de taxation ? Cela créerait indéniablement un dumping économique favorisant le moins disant écologique, et perturberait les routes.

Si l'Alsace, seule, se dotait d'une écotaxe, combien de camions déferleraient sur les routes lorraines ou franc-comtoises pour s'en exonérer ? Cela n'est pas sérieux.

On pourrait alors cheminer vers une extension de cette régionalisation. En tant que Lorraine, je pourrais être tentée de dire : chiche, instaurons une écotaxe étendue de l'Alsace à la Lorraine ! Mais jusqu'où irions-nous ?

Je suis Lorraine, bien sûr. J'aime la culture de ma région, j'en ai l'accent et les coutumes. J'aime l'Alsace, dont la proximité géographique facilite la visite. J'aime la France, avant tout, pour être chez moi partout de la même manière.

Nous ne pouvons que regretter les affaiblissements successifs de notre république jacobine. Les grandes régions ont transformé les territoires en des entreprises sur un marché concurrentiel.

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