Tous ceux qui avaient promis à si grand bruit des sommes considérables ont-ils changé d'avis ? J'avais bien vu que leurs gestionnaires étaient passés juste derrière eux pour demander que l'on accorde plutôt 95 % de remise sur les dons. Si je me trompe, vous nous le direz, monsieur le ministre. Vous avez affirmé tout à l'heure qu'il ne fallait pas craindre le sur-don. Pour l'heure, j'ai l'impression que le sous-don est plus à redouter.
Dans le même ordre d'idée, si l'on fait appel aux dons, je ne vois pas pourquoi les collectivités auraient la possibilité de participer au financement de la réhabilitation de Notre-Dame. Si l'État ne prend pas sa part de responsabilité, pourquoi les collectivités, qui sont aussi choses publiques, devraient-elles le faire ? Au nom de quoi ?
Voilà, j'ai donné nos arguments. J'espère au moins vous avoir montré qu'il n'y a de notre part aucune animadversion contre ce bâtiment, quoiqu'un tel sentiment puisse exister et ait existé. On cite toujours à cette tribune ceux qui chantent les louanges du bâtiment, mais je connais deux ou trois auteurs qui étaient absolument contre.
Il s'est d'ailleurs, à un moment de son histoire, trouvé dans un tel état que l'on s'était demandé si l'on allait continuer à le laisser vivre : si l'on a beaucoup cité Victor Hugo à cette tribune, c'est parce qu'il a mouillé la chemise pour qu'il en soit autrement, comme cela avait été le cas pour les arènes de Lutèce.
Nous faisons là un choix collectif. Ma parole est destinée, monsieur le ministre, à exprimer à travers une motion, parce que c'est le procédé qui est mis à notre disposition, le rejet de principe d'une idée, c'est-à-dire de ce cadeau fiscal, que nous trouvons mauvaise.
Quoi qu'il en soit, monsieur le ministre, ni moi ni aucun d'entre nous ne vous en voudra jamais de faire quelque chose pour ce bâtiment et d'organiser comme il doit l'être le travail afin qu'il soit réhabilité.
Nous ne sommes pas d'accord sur les moyens ; cela ne nous empêche pas d'être d'accord sur la fin.
Mes derniers mots seront pour dire que quand quelqu'un de ma conviction vous tient de tels propos, c'est également une manière de témoigner pour tous ces Français qui, sans partager la foi qui s'y pratique ou sans vouloir en parler, restent attachés à ce que nous pouvons tous avoir en commun, qui se traduit notamment par des oeuvres qui traversent le temps.
Puisse Notre-Dame être réhabilitée et durer encore au moins huit siècles.