… pour contourner les débats et nous priver de la présentation de dizaines de nos amendements. Et malgré quelques clarifications intéressantes, que je tiens à souligner, dans la dernière rédaction, rien ne change sur le fond. Nous sommes encore et toujours face à une loi d'exception.
En réalité, le temps consacré à l'examen du projet de loi fut aussi long que fut court le chemin parcouru pour le corriger et l'enrichir.
Au terme de la navette avec le Sénat et d'une commission mixte paritaire – CMP – infructueuse, nous ne sommes guère plus avancés qu'au premier jour. Et cela pour une raison simple : le Gouvernement veut absolument soustraire le « chantier cathédrale » à certaines normes protectrices que contient notre droit, notamment dans le champ patrimonial et environnemental.
Le Gouvernement refuse obstinément d'entendre les appels à la raison et à la tempérance provenant des experts les mieux autorisés. Des appels pourtant uniquement motivés par l'intérêt supérieur de Notre-Dame.
Il est manifeste qu'un chantier de cette envergure exige le temps de la réflexion, et la modestie de croire que rétablir Notre-Dame dans sa beauté initiale est un objectif suffisamment ambitieux pour ne pas être pollué par je ne sais quel concours ou consultation populaire. D'ailleurs, les Français espèrent-ils autre chose que de revoir la cathédrale telle qu'ils l'ont toujours connue ?
Incontestablement, les déclarations en faveur d'une reconstruction rapide, ou d'un geste architectural en lieu et place de la flèche, ont pu paraître précipitées et pour le moins anachroniques. D'autant qu'à ce jour, le diagnostic sur l'état réel du monument n'est pas posé, et qu'il ne le sera probablement pas avant le mois de septembre, comme vous l'avez vous-même rappelé tout à l'heure, monsieur le ministre.
N'est-il pas pour le moins curieux, donc, de rédiger l'ordonnance alors que le diagnostic du malade – du « grand malade », pour reprendre l'expression de Philippe Villeneuve, architecte en chef de Notre-Dame – n'est toujours pas établi de manière précise ?
D'un côté, l'urgence de sauver l'édifice – les craintes sur la solidité de la voûte sont toujours réelles – et, de l'autre, un débat parlementaire parfois lunaire, qui porte sur la date de la souscription, la composition du conseil d'administration, ou bien encore sur l'âge du capitaine du futur établissement que vous allez spécifiquement créer.
La comparaison entre les priorités qui animent les uns et les autres, vous l'aurez compris, ne joue pas en faveur de notre institution.
Pourtant, à l'origine, la matière n'appelait pas à la discorde. Dans son adresse aux Français, le président Macron ne disait d'ailleurs pas autre chose : l'avenir de Notre-Dame vaut mieux que des querelles politiciennes. Mais encore eût-il fallu que le Président lui-même reste humble…