Intervention de Sandrine Mörch

Réunion du jeudi 6 juin 2019 à 14h00
Mission d'information sur l'aide sociale à l'enfance

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Mörch :

Nous sommes face à trois mammouths, si je peux me permettre : tout d'abord, les travailleurs sociaux, où, en général, sévit l'omerta la plus totale. Ensuite, l'Éducation nationale qui est une véritable forteresse. Enfin, le Conseil de l'Ordre qui oppose le secret médical, qui devient un frein au signalement. Je pense toutefois que nous sommes en pleine mutation et que la situation est en train d'évoluer. J'aimerais savoir si cette évolution ne pourrait pas être accélérée, tout en ayant conscience des dangers que cela suppose mais il conviendrait que chacun sorte un peu de son pré carré. Mme Jouniaux considère que la gendarmerie n'a pas sa place dans les cellules de veille. Et pourquoi pas ? À partir de 16 heures 30 le vendredi et jusqu'au lundi, n'est-ce pas la gendarmerie qui gère les signalements, récupère les enfants ?

Je citerai un exemple. À Toulouse, nous avons vécu les premiers attentats. Il s'est avéré qu'une cellule de crise s'est organisée très rapidement sous l'égide de la préfecture. Elle fonctionne bien et sur la durée, puisqu'elle se réunit une fois par mois. Cela a été absolument révolutionnaire, voire dramatique au départ pour un travailleur social de parler en présence d'un policier. La situation était si incongrue que l'on n'imaginait pas une seule seconde pouvoir aller plus loin. À l'Éducation nationale s'est greffée le département, l'Agence régionale de santé, la psychiatrie. Pour l'instant, cela fonctionne. Tout le monde essaie de retisser du lien familial et de se rapprocher des familles. L'école est le seul endroit où les familles sont présentes.

Pourrait-on travailler à retisser du lien de manière plus professionnelle, sous la forme d'une pratique dédiée car faute d'un temps spécifique et d'un lieu dédié à la rencontre, le projet peut tomber à l'eau ? C'est le premier élément sur lequel vous pourriez travailler, si vous en avez le temps, avec les familles. Je ne parle pas du signalement, mais de ce que l'on peut désamorcer. Au cours de la mission d'information, nous nous sommes bien rendu compte que tout se désagrège au fil des mois, des années. Le gâchis est monumental.

Pour en venir aux enfants, à partir de quand parlent-ils ? À partir de quand les écoute-t-on, comment prend-on en compte leur parole ? Combien de temps s'écoule-t-il avant que quelque chose se passe ? Les actions s'adressent-elles en premier lieu aux enfants ? Sont-elles transmises rapidement aux parents, à la hiérarchie ?

Vous avez évoqué les enfants qui rentrent de RDC ou qui rentrent de zone de regroupement terroriste ; ils sont un peu hors champ et un peu incasables.

Une rectrice me disait que certaines écoles accueillaient un grand nombre d'enfants de l'ASE, en sureffectif dans certaines écoles rurales avec peu d'effectifs.

Désolée pour l'éclectisme de mes questions, mais nous ne sommes pas tous des professionnels. Personnellement, je n'étais pas éducatrice.

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