Le secret professionnel n'est pas un droit des travailleurs sociaux, c'est une obligation au regard du respect de la vie privée, qui est un droit constitutionnel. Les travailleurs sociaux qui travaillent à l'Éducation nationale ou ceux qui sont en contact avec les enseignants ou les chefs d'établissement doivent mesurer et peser l'information qui est strictement nécessaire et qu'il est possible de transmettre pour éclairer l'action du professionnel qu'il a face à lui.
Ce partage d'informations ne peut intervenir qu'avec l'accord des intéressés et sert de cadre. Il ne s'agit donc pas d'une protection qui nous pousserait à être en retrait ou à refuser à transmettre des informations, nous nous fondons sur l'attention particulière qui doit être portée au respect de la vie privée. Peut-être une dimension particulière s'attache-t-elle à l'Éducation nationale. Les enseignants sont animés de la volonté d'adapter leur pédagogie, leur contact et leur accueil à l'enfant en difficulté. La tentation est de penser que plus elle en saura, mieux elle adaptera son comportement. En fait, on aboutit à un non-sens. L'enseignant doit connaître un minimum pour ajuster son action mais connaître les détails, au contraire, aura un effet pervers que les enseignants et les pédagogues connaissent bien sous le nom de Pygmalion. Dès lors que l'on a une image très marquée de quelqu'un, on pense que l'on va s'adapter pour faire évoluer la personne. Au contraire, cela la pénalise. C'est pourquoi je rejoins la DGESCO et mes collègues syndiqués sur la nécessité d'entreprendre un large travail d'explicitation auprès des professionnels de l'Éducation nationale. Des connaissances juridiques doivent être diffusées auprès des institutions pour que tout le monde soit plus à l'aise avec ces notions et que ce ne soit pas une guerre de tranchées. Tel n'est pas le sujet, qui reste l'enfant et ses parents.