Il est important que ces paroles soient entendues et nous constatons aujourd'hui une certaine libération de cette parole. Il faut peut-être leur donner une place plus institutionnalisée. Le CNEAMO a eu besoin, à un moment donné, d'institutionnaliser la parole de ces personnes représentant d'autres personnes. Elles sont intervenues aux Assises et interviennent à diverses occasions. En tant que président du CNEAMO, je disais récemment qu'il faudrait peut-être ouvrir les statuts afin qu'ils puissent avoir une représentativité. Ce mouvement est plutôt à l'origine professionnel, mais nous ne pouvons plus nous cantonner à une forme de parole.
Je prends un autre exemple. Dans le service que je dirige, nous avons mis en place une co-formation avec ATD Quart Monde, avec des personnes qui ont elles-mêmes des mesures que nous mettons en oeuvre et avec des professionnels. Nous travaillons beaucoup sur le photo-langage et avons demandé à chacun de trouver une photo pour représenter l'accompagnement en protection de l'enfance. Les personnes accompagnées ont choisi une photo de tauromachie et les professionnels la photo d'une personne qui monte un col en vélo et d'une autre qui la pousse. Ils avaient fait une formation ensemble et avaient évoqué un certain nombre de sujets, mais les représentations sont différentes. Les personnes accompagnées disaient que pour elles, se protéger revient parfois à ne pas dire la vérité, pour éviter le risque de placement. Les professionnels apportent d'autres témoignages. Je crois qu'il faut beaucoup plus co-élaborer. Cette co-élaboration repose davantage aujourd'hui sur des personnes, en lieu et place d'institutions et d'organisations. Le risque est que tout reparte à zéro lorsqu'un professionnel change de service.