La facilité serait de dire que nous n'avons pas les moyens. Il y a 20 ans, nous avions des moyens et les dispositifs ne fonctionnaient pas toujours mieux. La protection de l'enfance ne fonctionne pas toujours dans les Départements les plus riches et le nombre d'actions mises en place n'est pas toujours plus important. Au-delà des moyens, la réelle volonté politique de tous les acteurs est essentielle. Sommes-nous d'accord sur le besoin et le projet ?
Je vous donne un exemple concret. Je parlais tout à l'heure de diversification par opportunité ou par réel projet ou besoin. Dans certains départements, le schéma départemental est prorogé depuis des années et n'est plus en adéquation avec la situation actuelle du territoire. Il fait référence à des besoins, à des bassins de population et à une activité économique qui ne sont absolument plus les mêmes qu'il y a dix ans. Le schéma est prorogé et ne conduit à aucune discussion ni concertation. Le risque est de passer outre les réels besoins. Il faut vraiment que les différents acteurs puissent se réunir pour définir des schémas. Les différents schémas ne sont pas coordonnés : le schéma départemental de la protection de l'enfance, celui sur les prestations familiales, un autre réalisé sous l'égide du préfet, celui de la PMI. C'est un réel problème. Les mêmes acteurs, qui interviennent dans ces différents schémas, ne tiennent pas toujours le même discours.
Il manque certes des moyens à certains endroits, mais au-delà des moyens, la volonté politique de tous les acteurs est essentielle. On ne peut pas tout attendre d'en-haut, ni des acteurs de terrain. Nous recevons parfois des injonctions paradoxales. On nous dit parfois que les coûts sont trop élevés, mais que l'on attend plus. Il n'est pas possible de prendre ces deux éléments en considération. Il faut également absolument associer les personnes accompagnées. Elles ont des choses à dire sur l'accompagnement, les besoins, l'accueil. Des expérimentations sont lancées sur différents territoires. Des projets de service sont réalisés avec des personnes accompagnées. Elles donnent leur avis sur l'accueil et sur un certain nombre d'éléments et elles participent même à la réduction de certaines parties inutiles. Leur implication me paraît fondamentale. Très souvent, les associations sont la variable d'ajustement. À certains moments, chacun souhaite que nous donnions notre avis et en parallèle, nous n'avons pas été consultés sur le projet pour l'enfant, alors que nous mettons en oeuvre ce projet à 70 %. Il faut donc que ce projet fasse sens auprès des équipes et des personnes accompagnées, ce qui est difficile lorsqu'elles n'ont pas participé à son élaboration. Pour moi, la question des moyens est importante, mais la volonté politique de tous les acteurs est la priorité.