Intervention de Pierre Dharréville

Réunion du mardi 2 juillet 2019 à 16h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Votre réforme résulte d'abord d'une volonté d'économiser 3,4 milliards d'euros. Cette feuille de route, vous l'avez définie par manque de créativité alors que vous auriez pu aller chercher ailleurs les moyens de faire fonctionner l'assurance chômage, notamment en regardant du côté de la ponction de 3 milliards d'euros qui sert à faire fonctionner Pôle emploi.

Vous avez annoncé des créations de postes pour accompagner les demandeurs d'emploi, après avoir supprimé 1 700 postes à Pôle emploi. Tout cela mériterait quelques explications supplémentaires. En tout cas, faute de créativité, vous avez choisi de lutter contre les chômeurs et les travailleurs précaires plus que contre le chômage et la précarité, en laissant penser que s'il y a du chômage, c'est parce qu'il serait trop confortable d'être au chômage dans notre pays. Évidemment, nul ne peut croire cela.

De fait, un chômeur sur deux n'est pas indemnisé, et les mesures que vous avez prises vont faire sortir 300 000 personnes de l'assurance chômage. Au lieu d'essayer de mieux assurer celles et ceux qui ne le sont pas, vous alimentez encore leur nombre. Ce sont ainsi 11 % des allocataires qui seront concernés.

Nous savons que des postes ne sont pas pourvus, mais vous devriez affiner votre diagnostic : c'est d'abord un problème de qualité des offres et de formation. Je ne crois pas que c'est en affaiblissant l'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) que l'on se donnera vraiment les moyens d'y faire face.

Par ailleurs, le système de « minus »-malus que vous instaurez est trop limité, et vous n'y intégrez pas le contrat de projet. Vous laissez à penser que l'assurance chômage serait un facteur de régulation du marché du travail. Nous pensons, au contraire, que c'est une assurance, la mutualisation d'un risque. La logique de destruction des garanties collectives que vous avez entamée se poursuit ici à travers cette réforme. La dégressivité des allocations pour les cadres à hauts revenus est aussi inutile que dangereuse quand on sait que ces derniers contribuent plus qu'ils ne reçoivent. En déconnectant la contribution de chacun et le droit à un revenu différé, vous mettez en cause les solidarités existantes et vous ouvrez la voie à une restriction plus ample encore de ce système d'assurance solidaire.

Nous sommes donc fondamentalement opposés à cette réforme.

Vous dites, madame la ministre, qu'on a réinventé les journaliers en France. Si vous ne voulez vraiment pas vous y résoudre, attaquez-vous avec beaucoup plus de vigueur à l'uberisation de la société !

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