Ce fameux CETA, au-delà des mesures précises qu'il comporte, participe à révéler le clivage qui traverse notre vie politique, entre mondialistes et nationaux. Une multitude de sujets sont impactés : il est question de démocratie, d'économie, de social, de santé, d'écologie. In fine, le CETA pose donc la question du modèle de société que nous voulons – question éminemment politique – et de la liberté laissée au peuple d'imposer ou non son propre modèle de société.
Parlons donc d'abord et avant tout de la question démocratique. Négocié dans la plus totale opacité, entré en vigueur pour partie avant même sa ratification, défendant le recours aux tribunaux privés à la place de la justice rendue au nom du peuple, le CETA souligne clairement la disparition progressive de la souveraineté du peuple, donc celle de la démocratie, dans notre pays. D'ailleurs, si vous étiez vraiment démocrates, c'est par référendum que vous l'auriez fait ratifier.
Pour ce qui est des aspects économiques et sociaux, ce traité, mettant une nouvelle fois nos agriculteurs face à une concurrence déloyale, va affaiblir un secteur déjà très fragile et entretenir la course au moins-disant qui a causé tant de drames sociaux. L'embellie provisoire de notre balance commerciale avec le Canada en 2018 est à relativiser, car chacun sait qu'elle est due au temps nécessaire à l'économie canadienne pour se mettre en ordre de bataille en vue de conquérir le marché européen.
Notre santé est, elle aussi, concernée. L'ouverture de notre marché aux produits agroalimentaires canadiens présente un grave risque sanitaire. Agriculture de piètre qualité, mode de production hyperintensif, OGM et autres farines animales sont en partie responsables de la dégradation de la santé des Canadiens. Au contraire, la qualité de l'agriculture française préserve nos compatriotes des scandales alimentaires qui font et feront, hélas, régulièrement la une des journaux !
Je n'oublie évidemment pas la question écologique. Ce traité est le plus parfait exemple de l'incohérence de nos dirigeants, qui ne jurent que par l'écologie – au nom de laquelle, d'ailleurs, ils matraquent fiscalement les Français – mais qui, en même temps, encouragent la mondialisation sauvage. Or cette dernière porte une lourde responsabilité dans les émissions de gaz à effet de serre, qui participent aux dérèglements climatiques actuels. Quant au libre-échange, par l'uniformisation qu'il suppose, il représente le pire ennemi de la diversité, notamment biologique.
Il n'est évidemment pas question de ne plus commercer avec le reste du monde, mais nous croyons que le modèle du libre-échange doit laisser la place à celui du juste échange, seul respectueux des hommes et de l'environnement. C'est ce que nous avons proposé durant les dernières élections. D'ailleurs, sur ce point, j'ai vu que Nicolas Hulot soutenait notre vision…