La théorie économique selon laquelle l'ouverture est synonyme de croissance est pertinente, bien sûr, mais atteint ses limites lorsque la concurrence est débridée et le développement inégal. Un accord – c'est le cas du CETA – ne peut fonctionner que dans un contexte d'uniformisation des règles, notamment des normes fiscales et écologiques. C'est nécessaire si l'on veut éviter une concurrence déloyale et un déséquilibre social.
En oubliant plusieurs centaines d'AOC, le CETA ouvre une concurrence sans mesure. Beaucoup de producteurs locaux, garants de produits de qualité, ne pourront pas s'aligner sur des prix déloyaux, résultant d'un autre cadre fiscal et répondant à des contraintes écologiques plus laxistes. Pour bien des producteurs, la pression grandit, et nous risquons in fine de perdre nos filières spécialisées et nos produits de qualité.
Dans l'accord, nous identifions trois perdants potentiels : certains producteurs, qui verront leurs recettes diminuer ; certains consommateurs, privés de produits de qualité ; l'environnement. Car cet accord signifie davantage de transports maritimes et d'émissions de gaz à effet de serre, et moins de respect de la condition animale.
J'ai eu l'occasion de le préciser, l'ouverture est positive dans l'esprit et dans les faits, mais elle demande à l'évidence à être maîtrisée, sous peine de pousser toujours plus loin le dumping social et la précarité.
Je l'ai dit aussi, nous avons ici un champ d'action immédiat : avant d'ouvrir sans limite les échanges, nous avons le devoir d'unifier l'Europe, de créer un modèle démocratique, économique, fiscal, social commun sur notre continent. Face aux grands blocs mondiaux, il est vital que nous puissions créer une puissance de taille concurrentielle.