Mes chers collègues, je nous trouve quelque peu inconséquents. J'ai d'ailleurs quelque difficulté à comprendre la logique du CETA. D'un côté, nous développons des projets alimentaires territoriaux, nous relocalisons l'agriculture, nous votons un amendement en vue d'atteindre 50 % d'approvisionnement local et 20 % de bio dans la restauration collective, nous prenons acte que le bon transport est celui que l'on ne prend pas – ce qui vaut pour les déplacements entre le domicile et le travail vaut également pour la production agricole ; et de l'autre, nous nous apprêtons à autoriser la ratification du CETA, ce qui entraînera une augmentation des échanges transatlantiques et, finalement, des émissions de gaz à effet de serre.
De plus, le Canada a déjà annoncé qu'il ne respecterait pas, qu'il ne pourrait pas respecter les accords de Paris. À quoi cela sert-il ? Quels sont les enjeux : de nouveaux débouchés pour l'agriculture ? Il est, en tout cas, certain que nous assisterons à une déstabilisation du marché de la viande – puisque, cela a été dit, le Canada exportera vers l'Europe l'aloyau et les quartiers arrière, difficiles à valoriser chez lui – et à une montée de la concurrence au détriment de nos territoires les plus fragiles.
Je vais vous parler de Lacalm – rien à voir avec le psychanalyste bien connu, bien que la prononciation soit la même – , une commune de l'Aubrac située à la limite de l'Aveyron et du Cantal, non loin de Saint-Urcize et de son clocher à peigne. Au milieu du XIXe siècle, lorsque la civilisation agricole était plus florissante, Lacalm comptait 1 500 habitants ; ils sont 185 aujourd'hui.
Lacalm se trouve à plus de 1 200 mètres d'altitude : que voulez-vous y faire, sinon élever des bovins ? Aujourd'hui, une vie s'y maintient. Je cite cette commune parce que c'est pour des territoires comme ceux-là que je me bats ; pour l'aménagement du territoire et la vitalité de nos campagnes. Je ne comprends pas qu'on les mette ainsi en péril.