Intervention de Marie Coutant

Réunion du mardi 30 avril 2019 à 17h30
Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapés dans l'école et l'université de la république, quatorze ans après la loi du 11 février

Marie Coutant, ancienne présidente d'APACHES, membre du conseil d'administration :

Vous avez parlé d'un tableau idyllique. Nous avons uniquement voulu de mettre en avant nos activités associatives.

Vous me posez une question très directe sur un classement des bons et des mauvais élèves. Ce n'est pas ainsi que nous travaillons, d'abord, parce que nos métiers sont jeunes et que nous nous sommes construits au fil des dernières années dans l'harmonisation de notre capacité à accueillir les étudiants en situation de handicap. Il ne s'agit pas de désigner des bons et des mauvais établissements, ni des bons et des mauvais collègues, ni des bonnes ou des mauvaises directions, si tant est qu'un président puisse être bon pour le handicap et, quatre ans après, un autre serait moins bon ou meilleur. Désigner les bons ou les mauvais établissements ne nous semble guère productif et de nature à favoriser l'inclusion des étudiants. Il ne s'agit pas de désigner des établissements plus à même d'accueillir des étudiants en situation de handicap, puisque nous visons l'inclusion. Avant d'être handicapé, un tel jeune est un étudiant, qui doit faire un choix de formation à l'endroit où il le désire, là où il le souhaite, là où Parcoursup l'a dirigé. L'idée n'est pas de recréer des établissements spécialisés dans l'enseignement supérieur, mais d'être vraiment inclusif sur le territoire. Il n'y a pas de black list.

En ce qui concerne la formation des personnels d'accompagnement des étudiants, je suis bien placée pour répondre puisque c'est dans mon établissement, l'École des hautes études en sciences sociales, qu'est organisée depuis quatre ans la formation des référents. Elle se structure et sa reconnaissance officielle est en cours. La jeunesse de nos métiers fait qu'ils sont marqués par une culture cumulative. Bien entendu, les professionnels n'arrivent pas tout formés à l'université. Ce n'est pas comme que cela se construit pour la dizaine d'années à venir. Ce sont des gens qui ont une appétence pour le sujet, qui ont souvent un passé associatif, une expérience personnelle ou des enfants en situation de handicap et qui se sont formés eux-mêmes. D'où l'importance de notre réseau qui s'est constitué progressivement. Néanmoins, ces dernières années, de plus en plus de référents ont été formés à l'accompagnement grâce aux outils que nous avons mis en place et souhaitent s'orienter vers une professionnalisation. Le ministère est en train de faire valider la fiche métier « référent handicap » qui représente pour nous le fondement de nos métiers à l'université.

Quant aux enseignants, je suis toujours mal à l'aise avec l'idée qu'il faudrait les former aux différents handicaps. Depuis quelques années, l'action des universités ne se fonde pas sur la nature du handicap, même elle est encore utilisée à des fins statistiques. On ne dit pas : « Aujourd'hui, j'accueille M. Untel qui est paraplégique, puis je recevrai M. Untel qui est sourd ». Notre approche vise à prendre en compte les besoins individuels de nos étudiants, pas seulement en fonction de leur déficience mais de leur situation de handicap : par exemple, un étudiant en master de littérature n'a pas forcément les mêmes besoins ni le même accompagnement qu'un étudiant avec la même déficience en licence d'anglais. Nous tentons de répondre aux besoins. On informe, sensibilise, éduque les enseignants de nos établissements à cette manière de fonctionner, parce qu'elle est inclusive non seulement pour les étudiants en situation de handicap mais aussi pour tous les autres : les étudiants étrangers, ceux qui ont des problèmes de santé, qui ont des difficultés d'écriture, qui travaillent plus de quinze heures par semaine. On est beaucoup plus inclusif en prenant – avec les enseignants, mais aussi les personnels administratifs – comme point d'entrée les besoins des étudiants en matière pédagogique et en matière d'accompagnement. Prendre comme point d'entrée le type de handicap me semble contre-productif si on veut se conformer à l'esprit de la loi et favoriser l'inclusion.

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