Intervention de Rachel Mangeot

Réunion du lundi 6 mai 2019 à 16h15
Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapés dans l'école et l'université de la république, quatorze ans après la loi du 11 février

Rachel Mangeot, directrice générale de la fédération pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) de la Seine-Maritime :

Je suis la directrice de la fédération APAJH 76, qui compte cinq établissements : un centre médico-psycho-pédagogique (CMPP), un service d'éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD), un centre d'action médico-sociale précoce (CAMSP), un établissement pour enfants et adolescents polyhandicapés (EAP) et un atelier éducatif de jour pour adultes. Depuis janvier 2017, les établissements sont gérés par la fédération APAJH 76 ; auparavant ils l'étaient par l'APAJH 76.

Je reviendrai tout d'abord sur un texte important pour la fédération APAJH dont vous avez certainement entendu parler. Intitulé « Société inclusive », il porte des revendications pour un réel parcours inclusif. Je me limiterai à lire la partie relative à l'enfance et à la scolarisation.

« Dans le champ de la petite enfance, de l'enfance, de la jeunesse, de la formation : accompagner l'annonce du handicap mais également renforcer toutes les réponses en faveur d'un diagnostic précoce du handicap ». C'est ce que nous faisons au niveau du CAMSP de Dieppe, puisque, sur notre file active de plus de 200 enfants de 0 à 6 ans, quasiment la moitié est composée d'enfants porteurs de troubles du spectre de l'autisme (TSA), mais nous avons aussi des enfants polyhandicapés, des enfants présentant des troubles moteurs, des enfants déficients, des enfants ayant du retard de langage.

Je poursuis la lecture : « Penser et proposer des solutions d'accueil dès le très jeune âge, notamment pour permettre aux parents qui le souhaitent de poursuivre leur activité professionnelle ; accélérer la scolarisation à l'école de tous : externaliser toutes les unités d'enseignement dans les écoles, collèges, lycées, lycées professionnels, avec les accompagnements nécessaires ; multiplier les unités d'enseignement maternel pour les enfants présentant des troubles du spectre autistique ». Nous avons eu la chance à Dieppe – vous étiez présent, monsieur Jumel – d'inaugurer la semaine dernière l'unité d'enseignement élémentaire autisme de l'école Louis-de-Broglie. Nous faisons partie des six premières UUEA ouvertes en France et c'est un motif de grande fierté. Nous diagnostiquons et nous accompagnons ces enfants au sein du CAMSP, mais nous le faisons aussi au sein du CMPP.

« Augmenter les capacités d'accueil en SESSAD ; développer partout une réelle prise en compte du handicap dans les formations initiale et continue de tous les professionnels : petite enfance, Éducation Nationale, sport, santé. » Au CMPP, notre file active est de 1 000 jeunes. Nous en accompagnons beaucoup à l'école primaire, un peu au collège et au lycée. La majorité des enfants de notre file active ont entre 6 et 15 ans, ce qui est normal, puisque dans « centre-médico-psycho-pédagogique », il y a « pédagogique ». Nous nous rendons aux ESS et aux réunions d'équipes éducatives. Nous sensibilisons et formons les enseignants et les AESH, à la demande des écoles, notamment aux troubles du spectre autistique (TSA), aux troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA) et aux troubles du comportement. Une convention a été signée entre l'Éducation nationale et l'APAJH en vue de mettre en place des actions de sensibilisation.

Comme son nom l'indique, le SESSAD est un service d'éducation spéciale et de soins à domicile qui apporte un grand soutien aux écoles. La psychomotricienne forme d'ailleurs les AESH.

En tant que responsable d'un établissement pour enfants et adolescents polyhandicapés (EEAP), je lance un cri d'alarme, car nous n'avons toujours pas d'unité d'enseignement à l'EEAP du Grand-Quevilly. Nous accueillons 32 personnes dont cinq relèvent de l'amendement Creton, les autres étant des enfants. Nous avons répondu à l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) lancé dernièrement par l'Éducation nationale et l'agence régionale de santé (ARS), la réponse devant intervenir le 6 ou le 7 mai. Il n'est pas normal que des enfants en situation de polyhandicap ne reçoivent pas d'enseignement, d'autant plus qu'à l'EEAP, nous pratiquons l'inclusion, puisque nous nous rendons sur tous les lieux de vie ordinaire. Nous organisons même des classes transplantées, des séjours de découverte sur des lieux de droit commun.

Je reviendrai sur les difficultés. Le secteur médico-social est une clé indispensable au bon fonctionnement d'une société inclusive. Quand on va dans les écoles, on se rend compte que les enseignants ne sont pas ou très peu formés. Ils ne manquent pas de bonne volonté, ils sont simplement démunis face à la complexité des situations – non seulement dues aux TSA mais aussi aux troubles du comportement – dans des classes surchargées. Le secteur médico-social peut apporter une aide précieuse en expliquant aux enseignants ce que sont le TSA et le TSLA, et quels outils peuvent leur être fournis. J'ajoute que nous avons des liens privilégiés avec les psychologues scolaires et la médecine scolaire.

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