Vous conviendrez que c'est absurde !
Par ailleurs, pour répondre à votre autre question, nous connaissons bien le fascicule Qualinclus pour l'avoir beaucoup lu. Je ne vous cache pas qu'il n'emporte pas du tout notre adhésion. Son mérite est d'être cohérent avec ce qu'il promet : il propose des fiches pour que les équipes pédagogiques puissent s'approprier la question de l'inclusion et essayer de réfléchir à leurs pratiques : ce qui pourrait être fait, ce qui pourrait être amélioré. Dans cette optique, la roue de Deming – qui n'est pas le dispositif le plus récent en matière de sciences de l'éducation – a été recyclée avec des anglicismes à tout va pour construire un outil prétendument pratique à destination des équipes.
Mais, d'une part, l'appropriation de cet outil est chronophage. Les questions sont ardues, et même si le guide fait un effort d'explication, les explications y sont disséminées et il s'agit de sujets de spécialistes. Sans compter que la colonne « agir » est elle-même une succession de questions : c'est pousser le goût de la concertation assez loin, en soulevant des questionnements au lieu de proposer des actions concrètes ! C'est un outil d'une lourdeur incroyable qui sera placé sur les épaules des équipes pédagogiques – outil qui ne propose pas de solution, qui plus est. On demandera donc aux équipes d'être capables d'inventer des solutions en relevant l'un des plus grands défis pédagogiques qui soit : permettre à des enfants en situation de handicap d'avoir la scolarité la plus « normale » possible. Ces questions font l'objet de travaux de recherche de la part d'universitaires brillants dont c'est le métier à plein temps. Pour nous, Qualinclus est un faux outil, que l'on ne peut pas s'approprier. Je ne vois pas comment les équipes pourront l'utiliser et je crains qu'il ne serve de faire-valoir dans certains établissements. Tout comme la multiplication des plateformes de formation en ligne, c'est une fausse bonne idée, qui ajoute du travail quand les enseignants réclament à cor et à cri qu'on facilite leur travail. Et pour cause : l'accompagnement des élèves en situation de handicap requiert un important travail de préparation, intéressant et nécessaire, certes, mais qui modifie l'exercice professionnel y compris lorsque les enseignants ne sont pas devant les élèves. On ne prépare pas un cours de la même façon quand on a trois élèves à besoins éducatifs particuliers. S'y ajoutent la fatigue physique et la pénibilité du suivi.
Les enseignants ne vont donc pas passer leur dimanche à réfléchir à Qualinclus alors que les établissements ne sont pas capables de leur dégager du temps de concertation. Ce point n'est pas nouveau : lors de la réforme du collège et des EPI, notamment, nous revendiquions de dégager du temps pour permettre aux enseignants de travailler en équipe. Ici aussi il y a une incohérence : on fixe une exigence, mais on ne donne pas aux personnels les moyens d'y répondre. C'est un motif de souffrance au travail. Pour être heureux au travail, il faut avoir l'impression de bien faire son activité. C'est le b.a-ba. Donc, non, Qualinclus n'a pas notre adhésion.
Des textes sont en discussion sur les aménagements d'examens, notamment dans le cadre du du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH). Je vous avoue que nous les attendons avec impatience. Ce sujet est un puits sans fond. Il soulève de nombreux problèmes, de logistique, de mise en oeuvre mais aussi de déontologie et d'éthique – qu'est-ce que l'égalité des chances ? – ou de pertinence des aménagements. Je prends pour exemple la fausse bonne idée du tiers-temps : pour certains, évidemment, c'est une condition sine qua non pour composer ; mais pour d'autres, cela crée des semaines absolument abominables si l'on considère le nombre cumulé des heures ajoutées par rapport aux autres élèves. On a donc, paradoxalement, ajouté du temps de fatigue à des personnes pour qui, souvent, le handicap est déjà synonyme de fatigabilité supplémentaire. Il y a donc, là encore, une incohérence. Le tiers-temps est nécessairement une mauvaise solution puisqu'elle met en difficulté ceux-là mêmes qu'elle est censée aider.
Je laisserai ma collègue répondre à la question de l'impact sur le baccalauréat.