Intervention de Isabelle Pinatel

Réunion du jeudi 16 mai 2019 à 14h30
Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapés dans l'école et l'université de la république, quatorze ans après la loi du 11 février

Isabelle Pinatel, administratrice de la Fédération des conseils de parents d'élèves des écoles publiques (FCPE) :

Je vous remercie de votre accueil. Cet exercice est nouveau pour moi. Je vais vous parler avec mes mots et mon coeur de maman.

La FCPE représente 280 000 adhérents qui, sur le terrain, au quotidien, mettent tout en oeuvre pour que les enfants en situation de handicap et à besoins éducatifs particuliers soient réellement pris en compte à l'école dans leurs spécificités.

Nous pensons que la notion d'inclusion doit être comprise dans son sens le plus large et qu'elle ne concerne pas uniquement les enfants en situation de handicap. Elle questionne la capacité de l'école à accueillir tous les enfants sans discrimination : les enfants allophones, les enfants de migrants, les enfants de familles éloignées de l'école dans les territoires, les enfants malades, les enfants souffrant de troubles de l'apprentissage, les jeunes d'orientation sexuelle ou d'identité de genre minoritaires.

Pour la FCPE, le rôle de l'école est d'accueillir et d'accompagner tous les élèves quelles que soient leurs spécificités. Or, nous l'observons sur le terrain, l'école reste encore très formatée. Malgré les nombreux efforts des équipes éducatives, les familles qui ont un enfant en situation de handicap font face à un véritable parcours du combattant pour le scolariser. Les difficultés qu'elles rencontrent engendrent une très grande souffrance, ce que nous ne pouvons accepter en tant que parents et représentants de la FCPE. Le mot « souffrance » ne devrait pas avoir droit de cité à l'école.

Il y a pourtant de la souffrance à l'école, et pas forcément où l'on croit. Les banlieues, bien sûr, concentrent un grand nombre de problèmes, mais d'autres situations génèrent de la souffrance. Je pense, par exemple, aux enfants intellectuellement précoces, dont la prise en compte est encore très à la traîne en France. Les enfants autistes sont, quant à eux, de mieux en mieux intégrés à l'école. Ce sont des enfants comme les autres, qui ont une richesse extraordinaire.

Au quotidien, le parcours administratif des parents d'enfants handicapés – tout du moins de ceux qui savent qu'il existe un parcours administratif – est insupportable. Il faut attendre des mois après le diagnostic – quand celui-ci a lieu, car il n'est pas rare de voir arriver en terminale des élèves en situation de handicap qui n'ont jamais été diagnostiqués.

L'idéal est quand le diagnostic intervient avant l'école ou à la maternelle. Il peut aussi survenir de manière plus tardive, au collège : mieux vaut tard que jamais. Il y aussi le cas de l'élève qui n'est jamais diagnostiqué ou celui de l'enfant qui ne va jamais à l'école.

Nous ne disposons pas de chiffres sur les enfants qui ne vont jamais à l'école. Je pense, en particulier, aux enfants déficients visuels, pour lesquels, dans mon département, l'Aude, il n'existe absolument aucune école, aucune unité localisée pour l'inclusion scolaire (ULIS) permettant de les accueillir. Personne, pourtant, ne me fera croire qu'il n'y a pas d'enfants déficients visuels dans ce département.

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