Madame la ministre, 20,2 milliards d'euros pour quoi faire ? Si j'en crois certains collègues – dont bon nombre ont déserté l'hémicycle à l'instant – , nous sommes des naïfs qui dépensons sans compter par amour pour la Commission européenne et la bureaucratie bruxelloise. Selon eux, une approche solidaire et responsable serait d'avoir un solde nul. Chers collègues de la France insoumise, vous avez dit que vous souhaitiez appliquer la doctrine Thatcher. Je suis un peu étonné par cette approche. D'abord, c'est oublier que la France est déjà, avec 12 milliards d'euros, deuxième bénéficiaire derrière la Pologne et devant l'Espagne. Beaucoup de pays nous envient d'ailleurs notre capacité de négociation.
Votre approche suppose que la compétition et le marché intérieur sont suffisants. Elle suppose que nous n'avons pas besoin de politique de solidarité et de rééquilibrage. Où est le projet européen, mes chers collègues ? Où sont nos valeurs ? Je suis pourtant sûr que nous en partageons certaines. Vous dénonciez il y a peu l'inertie de l'Europe face à la crise grecque et appeliez à plus d'aides pour sauver ce pays d'une récession absolue. Nous avons partagé ce souci. Aujourd'hui, le solde positif net de la Grèce excède 4 milliards d'euros. Si vous voulez mettre tous les soldes à zéro, comment financerez-vous l'effort en faveur de la Grèce ? Vous défendez aussi régulièrement une ambition européenne pour la lutte contre le changement climatique. Vous appelez au développement de l'Afrique, du Sahel, ravagé par la misère, qui produit conflits et radicalisation. Si tous les États ont un solde à zéro, comment financerez-vous l'aide public au développement de l'Afrique ?