Permettez-moi tout d'abord de vous rappeler que le travail n'est pas un coût et que les cotisations ne sont pas forcément des charges, sauf du point de vue des actionnaires. En vérité, le travail est un facteur de richesse et les cotisations sont un facteur de solidarité. Cette précision apportée, je voudrais ouvrir le débat sur le lien entre coût du travail – puisqu'il faut bien reprendre vos termes – et compétitivité. Rien n'indique que la baisse du coût du travail puisse se traduire systématiquement par de l'embauche et une amélioration de la compétitivité des entreprises. Cela dépend parfois du contexte et cela dépend aussi des dispositifs prévus. Le Conseil d'analyse économique reconnaît que même les allégements de cotisations peuvent être simplement répercutés en hausse des marges des entreprises éligibles, afin de pouvoir réserver des dividendes aux actionnaires. C'est d'ailleurs le cas des grands groupes qui distribuent une part toujours plus importante de la valeur ajoutée aux actionnaires, au détriment de l'investissement et de la recherche. Je rappelle quelques chiffres : il y a trente ans, les dividendes représentaient moins de 5 % de la richesse créée dans l'industrie ; cette part s'élève aujourd'hui à 25 %.
La financiarisation excessive du capital français n'est-elle pas le véritable facteur déterminant pour expliquer le faible volume d'investissement et la faible compétitivité des entreprises, ainsi que le fort taux de chômage ? Le Conseil d'analyse économique reconnaît que la perte de compétitivité ne se situe pas justement sur le seul terrain du prix. La compétitivité hors coût de la France a effectivement été dégradée par d'autres facteurs.