Intervention de Christophe Castaner

Réunion du mardi 16 juillet 2019 à 16h35
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur :

Je n'ai pas ces statistiques-là, mais il est vrai que je ne rends compte, devant votre commission, que des deux dernières années au cours desquelles nous avons été « aux responsabilités ». Je ne crois pas qu'il y ait une aggravation du phénomène, mais je suis prêt à vous communiquer tous les éléments complémentaires que je pourrais avoir. Nous ne négligeons pas ces 1 000 atteintes – je ne les qualifierai pas plus avant – aux symboles ; sur 40 000 églises en France, ce sont 1 000 de trop. Encore une fois, nous sommes attentifs puisque nous avons multiplié par trois en deux ans l'aide aux communes pour sécuriser les lieux, et si certains d'entre vous ont en tête des dossiers qui sont au point mort, nous pouvons faciliter leur instruction.

Je rejoins l'analyse de Jean-Michel Fauvergue s'agissant du déséquilibre entre les dépenses d'équipement et celles qui sont liées aux moyens humains. C'est le reflet d'un choix : dès lors que l'on recrute des gens ayant le statut de fonctionnaire, quand on opère des baisses budgétaires – et le ministère en a connu –, celles-ci portent systématiquement sur les dépenses hors titre 2. Il n'en demeure pas moins que c'est une véritable anomalie. Je l'ai dit dans mon propos liminaire, on a lancé, en 2015, un plan de recrutement de policiers et de gendarmes supplémentaires, mais sans prévoir de les équiper. La nouveauté, essentielle, c'est que vous votez systématiquement, en lien avec le recrutement, les moyens matériels et de sécurité des policiers que nous recrutons grâce au budget que vous nous accordez. L'un des objectifs de la loi de programmation doit être de travailler sur cet équilibre. J'entends donc parfaitement votre remarque, qui me paraît justifiée : le niveau de dépenses figées – de « dépenses rigides », comme on dit en termes budgétaires – est trop élevé, nous en sommes conscients.

En ce qui concerne le continuum de sécurité, je pense qu'il faut l'aborder dans sa plénitude : tous les acteurs de la sécurité y ont leur place. Vous étiez à mes côtés, monsieur Fauvergue, lorsque j'ai rencontré les partenaires sociaux et les collectivités locales s'agissant de la police municipale, et j'ai posé le principe de sa place dans la discussion, ce qui me semble absolument indispensable. Il en va de même pour les sociétés privées. À l'avenir, le continuum de sécurité devra être envisagé de manière différente. Mon sentiment profond est que le ministère de l'Intérieur ne pourra pas, dans les années qui viennent et face à tous les nouveaux risques, assumer et assurer seul la sécurité de tous les Français. D'autres acteurs devront intervenir à ses côtés, notamment, compte tenu de la provenance de plus en plus internationale des menaces, l'armée puisqu'elle est compétente pour les menaces extérieures. Les autres ministères auront, eux aussi, un rôle à jouer. J'ai parlé tout à l'heure du « plan stup », mais d'autres acteurs institutionnels, notamment les collectivités locales, devront aussi contribuer. Les citoyens ont également un rôle majeur à jouer : à la fois demandeurs et acteurs, ils ne doivent plus seulement être en attente de sécurité, mais participer à la construction de la sécurité globale.

Je souhaite que le débat sur le Livre blanc soit aussi territorial que possible et que les parlementaires jouent, évidemment, un rôle actif dans son élaboration. Qu'ils soient spécialistes, comme Jean-Michel Fauvergue, ou pas, il est essentiel que chacun s'empare de la question. Aucun autre sujet aujourd'hui ne touche autant tous les Français, où qu'ils se trouvent, que la sécurité. Alors que l'éducation est un sujet moins présent dans certains villages vieillissants de la ruralité, par exemple, la sécurité, elle, concerne tout le monde, partout. Je sais qu'aucun député ne considère que ce n'est pas là un sujet pour lui.

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