Intervention de Christophe Castaner

Réunion du mardi 16 juillet 2019 à 16h35
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur :

Je vais vous répondre sur ce point. Je me suis rendu sur place, tôt le matin, et j'ai personnellement annoncé que nous lancions les travaux relatifs au commissariat. Je n'ai pas dû le dire assez fort, mais je l'ai fait à Mayotte. Nous tiendrons évidemment notre engagement. Des crédits ont été prévus dès cette année pour lancer toutes les opérations de relocalisation à proximité de l'actuel commissariat. Je me suis rendu dans les bureaux Algeco que vous avez évoqués : les conditions de travail n'y sont pas détestables, les policiers eux-mêmes l'ont reconnu quand nous étions sur place.

Sans vouloir faire de comparaison, le CRA de Mayotte est de haut niveau en termes de qualité, et il en est de même pour les efforts de l'État en matière de police et de gendarmerie. Je ne connais pas beaucoup de départements qui ont obtenu quatre-vingt-dix-sept policiers et quatre-vingt-neuf gendarmes supplémentaires depuis 2017 et où un troisième escadron de gendarmerie mobile (EGM) a été déployé. Cette année encore, il y aura vingt-six gendarmes supplémentaires. Je connais les tensions, et je ne dis pas que c'est bien assez, voire beaucoup trop : ce n'est pas le cas. Mais l'État est très présent à Mayotte, et il est évident que c'est nécessaire.

Vous m'avez également interrogé sur le service départemental d'incendie et de secours (SDIS). Je vous renvoie sur ce point aux collectivités locales. L'État est très présent à Mayotte, mais il ne faut pas lui demander de se substituer aux collectivités. J'ai reçu, ce matin encore, le comité des financeurs des SDIS – l'Assemblée des départements de France (ADF) et l'Association des maires de France (AMF). Il ne m'appartient pas de dire ce qu'il faut faire en la matière. Si le SDIS et les autorités locales veulent une expertise, j'enverrai immédiatement les services du ministère pour aider à la réaliser. Chacun doit prendre ses responsabilités sans tout attendre de l'État en revendiquant dans le même temps que les collectivités locales soient fortes.

En ce qui concerne la lutte contre le phénomène migratoire, j'ai reçu samedi le ministre de l'Intérieur comorien pour travailler sur des dispositifs renforcés. Nous avons déployé un officier de liaison, et nous nous plaçons dans la perspective d'une intervention à plusieurs niveaux au départ d'Anjouan. Le premier niveau concerne la lutte contre la fabrication de kwassa-kwassa, qui ne servent qu'une fois et dont vous connaissez l'utilisation. Le deuxième niveau est une présence sur trois plages de départ bien identifiées à Anjouan, où il faut un renfort supplémentaire des autorités comoriennes. Elles ont envoyé trente-cinq militaires au début de l'année, mais le dispositif n'est pas suffisamment actif à l'heure actuelle. Nous avons eu une discussion franche sur le renforcement des moyens. Pour ce qui nous concerne, j'ai proposé au Premier ministre, après m'être rendu sur place, de revoir totalement la façon dont nous protégeons nos frontières maritimes afin d'assurer un meilleur équilibre des forces, notamment en ce qui concerne le rôle de l'armée en haute mer, mais aussi avec une spécialisation de la gendarmerie et de la police aux frontières (PAF) et un renfort en intercepteurs – il s'agit de faire passer leur nombre de cinq à huit dès 2019, pour que trois d'entre eux soient systématiquement mobilisables vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. S'agissant du dispositif de lutte contre l'immigration clandestine (LIC), nous devons renforcer et simplifier l'intervention en mer afin de lutter contre une situation qui paraît trop facile pour les passeurs. Cela ne réglera pas tous les problèmes, mais si on se fixe pour objectif de diminuer de 40 ou de 50 % les passages et de sanctionner les passeurs chaque fois qu'on le peut, je pense que l'on améliorera la situation. C'est un combat, et nous devons le mener ensemble, sans nous opposer.

Le plan que j'ai proposé au Premier ministre, après m'être rendu sur place avec des représentants d'autres ministères, repose sur une approche globale et une montée en puissance du Groupe d'enquête sur la lutte contre l'immigration clandestine (GELIC), pour la lutte contre les filières. C'est un prototype pour l'intervention de la police à Mayotte qui présente une grande efficacité, notamment pour les nouvelles formes de migration qui sont en augmentation. Je pense aux Africains qui viennent des Grands Lacs, directement ou en passant par Madagascar – j'ai rencontré le président de ce pays pour lui en parler – ou par les Comores, dont j'ai rencontré le ministre de l'Intérieur. Je lui ai parlé de la question de l'aéroport et de celle des faux papiers, contre lesquels j'ai proposé des formations ad hoc aux Comores. Au-delà du GELIC, nous devons renforcer la chaîne judiciaire. Nous y avons travaillé avec le procureur, qui me paraît très offensif sur ces sujets. Il y a aussi le combat qui a été mené contre l'habitat indigne, pour la première fois, je crois, par l'actuel préfet, qui est sur le départ. Vous contesterez peut-être ce travail, mais…

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