Intervention de Annick Girardin

Réunion du jeudi 20 juin 2019 à 9h10
Délégation aux outre-mer

Annick Girardin, ministre :

Ce sujet est extrêmement important pour La Réunion et je comprends qu'on reparle de la question de la canne à sucre. Je vous l'ai dit tout à l'heure, et j'attendais qu'on le confirme et qu'on regarde la déclaration qu'on avait faite à l'Europe. C'était important qu'on reprenne les mots, parce qu'effectivement, j'ai parlé d'adaptation en réponse à la question posée par Huguette Bello. Il s'agit d'une adaptation de la filière à La Réunion et en Guadeloupe. Pour confirmer ce que j'ai dit tout à l'heure sur le régime d'aides européennes, c'est bien la fin 2020 qui est indiquée à l'Europe. Fin 2020, et en même temps pour trois ans. Ce qui veut dire que la problématique qui se pose entre la date et les trois années, c'est qu'il n'y en a pas pour la Guadeloupe, parce que les crédits ont été versés en 2018, en 2019 et le seront en 2020. La Réunion a perçu la somme pour les trois années 2017, 2018, 2019. Je le découvre. Quand on a eu ces débats, il y a quelques semaines, puisque c'est un sujet qui s'ouvre tout juste, j'ai demandé à voir tous les textes. Je demande qu'on me montre l'ensemble des choses. Oui, 2020 pour l'Europe, avec une aide de trois ans (2017, 2018, 2019) pour La Réunion et 2018, 2019, 2020 pour la Guadeloupe. Pour qu'on soit très clairs, dans le PLF 2020, il faut effectivement qu'on retrouve ces deux montants qui avaient été dans un premier temps budgétisés pour trois années par le ministère de l'agriculture. Aujourd'hui, il faut qu'on travaille sur la réinscription dans le PLF 2020 de ces soutiens à ces deux filières. Lorsque je retrouve aussi les échanges, ce n'est pas pour rien que j'ai utilisé le mot. Il est bien question de l'adaptation de la filière. Bien sûr que cela part de la fin des quotas sucriers et d'une nécessité de survie de cette filière en Guadeloupe et à La Réunion qui ne peut survivre qu'avec une aide exceptionnelle de l'État, mais cette aide exceptionnelle de l'État avait été apportée pour trois années et déclarée de cette manière-là, pour adapter la filière à une évolution de la nouvelle libéralisation, et donc de la fin des quotas en sucre. Mais je suis entièrement d'accord avec vous. C'est-à-dire qu'on ne peut pas dire stop brutalement à La Réunion, et même peut-être à la Guadeloupe à la fin de l'année prochaine sans expliquer comment on accompagne cette adaptation. Quand le mot d'adaptation a été formalisé, il aurait fallu aller charger des gens de faire l'adaptation. Je constate que personne n'a fait l'adaptation. Comment on fait maintenant, d'une manière aussi apaisée et tous ensemble, pour dire à La Réunion, comme en Guadeloupe, et peut-être beaucoup plus à La Réunion, d'ailleurs, comment on accompagne cette transition ? Vous avez raison, comment on l'accompagne avec la collectivité ou les collectivités, et notamment le département qui est actif en la matière ? Quelles sont les propositions qu'on fait ? Quelle est la nouvelle convention, et sur combien d'années, pour accompagner cette adaptation dont on a absolument besoin ?

Nous apporterons tous nos arguments. Des parlementaires ont demandé à être reçus au ministère de l'agriculture et de la pêche. Je crois que certains parlementaires guadeloupéens sont reçus ces jours-ci. Je ne sais pas si cette demande a été faite par des parlementaires réunionnais, mais ils seront également reçus. Les professionnels se sont aussi largement mobilisés, font connaître leurs difficultés et font peut-être aussi des propositions. Je reste toujours persuadée qu'il faut à la fois dire « on a besoin » et en même temps faire des propositions sur comment on fait. Cela me paraît évident, notamment de la part des professionnels, qui le savent mieux que nous, même si on doit être au rendez-vous de ce travail tous ensemble.

Sur le logement, parce que vous avez fait une petite remarque. Je vous propose qu'on se voie sur le logement. Toutes vos propositions ont été prises en compte, sans en discuter aujourd'hui dans le cadre de cette conférence. Il y a eu déjà quelques réunions avec l'ensemble de vos propositions qui ont eu lieu entre l'équipe de Julien Denormandie et la mienne sur ces sujets, et on pourra en débattre de vos propositions. Je regarderai dans quel cadre ils ont bien été pris en compte dans le travail qui va être clôturé sous peu. On va le clôturer mi-juillet, parce qu'il va y avoir la signature des contrats de convergence et de transformation par le Premier ministre et par l'ensemble des politiques concernées sur les territoires, en présence de l'ensemble des parlementaires le 8 juillet. J'ai trouvé que, comme il y a une forte représentation des territoires d'outre-mer autour du 8 juillet, il faut qu'on arrive, entre le 8 juillet et le 11 juillet, à mettre un certain nombre de travaux ou de conclusions de travaux dans cette semaine-là, avant le 11 parce que chacun va vouloir rentrer chez lui pour le 14 juillet. Je sais qu'il faut qu'on le prenne en compte. Enfin, moi, en tant qu'ultramarine, j'y veillais. Du coup, on va concentrer les choses sans doute entre le 8 et le 11.

Sur la télémédecine et le plan grand âge, chère Stéphanie. Il faut d'abord dire que la Guyane et Mayotte connaissent une forte évolution démographique. Ce sont à peu près les seules, même si à La Réunion il y a également une augmentation, mais elle est moins explosive. Elle est importante en Guyane et à Mayotte. Pour les autres, la question du vieillissement est très prégnante. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas en même temps la question grand âge à Mayotte et en Guyane, parce qu'on a les deux problématiques en même temps, comme à La Réunion. Tout cela étant effectivement lié aux questions de santé et de prise en compte de la santé dans les territoires d'outre-mer. La future loi sur le grand âge et l'autonomie va prendre en compte les spécificités des territoires d'outre-mer, et il faut s'en réjouir. Des travaux se font entre nos administrations et nos cabinets pour faciliter l'accès aux soins des personnes âgées en outre-mer. Vous proposez un recours à la télémédecine. C'est pour moi essentiel dans les territoires d'outre-mer. C'est essentiel aussi d'ailleurs dans les collectivités d'outre-mer (COM), dont on parle moins. Je pense à la Polynésie, où il y a un véritable soutien à apporter sur ces sujets, parce qu'il y a l'éloignement de la métropole. Puis il y a ceux qui ont des archipels ou ceux qui, comme la Guyane, sont tellement grands (comme le Portugal) où ces questions sont extrêmement importantes, en interne aussi, et pas qu'avec la métropole. C'est quelque chose qu'il faut aider. Agnès Buzyn a décidé, après dix ans d'expérimentations, au PLF 2018, de généraliser la télémédecine et d'en faire un acte médical comme les autres, dans une tarification qui va permettre que cela se développe. La téléconsultation est désormais possible. Il faut qu'on puisse la développer. Nous allons effectivement y travailler. Je crois que nous n'avons pas d'éléments supplémentaires, sinon de vous dire qu'on a exactement les mêmes préoccupations et que nous avancerons ensemble. Je suis aussi à l'écoute de ce qui se fera comme travaux au sein de la délégation sur ce sujet.

Sur la discrimination LGBT et LGBT-phobie dans les outre-mer : dans les territoires d'outre-mer, il y a un certain nombre de tabous, qui sont encore plus forts que dans l'hexagone. Et c'est le cas ici sur ce sujet. Faire respecter le droit, protéger les victimes, vous l'avez dit vous-même, c'est donc d'abord libérer la parole. Dans des territoires où les tabous sont encore plus forts, libérer la parole, c'est quelque chose qui est encore plus compliqué, mais nous y travaillons. Je note, quand je regarde le peu de chiffres que nous avons dans les territoires d'outre-mer, sur ces sujets comme sur bien d'autres – les violences faites aux femmes, par exemple – on n'a quand même pas suffisamment de chiffres dans les territoires d'outre-mer, même si on progresse, même si on fait en sorte que des missions et des études complémentaires puissent être menées sur ce domaine. On a quand même un défaut de chiffres. On peut regarder les plaintes, et là, on a une quasi-absence de plaintes. C'est tout bonnement impossible, parce que dans les territoires d'outre-mer comme ailleurs, les faits se déroulent. Et même peut-être plus fortement. Je crois honnêtement qu'il faut miser, comme nous l'avons fait, sur la formation des policiers et des gendarmes, qu'on puisse les renforcer. Il faut que, dans les territoires d'outre-mer, on incite à cette formation. C'est une des missions que je me suis données. Et puis, la DILCRAH souhaite largement intervenir dans les territoires d'outre-mer. Elle a retenu pour 2019 la Guadeloupe, la Martinique, La Réunion et la Guyane. Je sais le lien fort qui lie le délégué interministériel à l'outre-mer. Il a été fortement impliqué sur les questions outre-mer et n'oublie jamais l'outre-mer. Le réflexe, ce n'est pas à moi de le rappeler. Nous avons là des actions importantes, et c'est important que ça puisse être fait. Je trouve qu'il faut qu'on puisse aller encore plus loin. Le rôle du Défenseur des droits doit aussi être suffisamment renforcé sur cette question. Vous parliez du budgétaire et c'est toujours le nerf de la guerre. Là aussi, je veux féliciter les associations dont vous parliez et je vais ici en citer quelques-unes : SOS homophobie, le Refuge à La Réunion, la Fédération Total respect, qui est largement présente outre-mer, même si elle n'est pas partout, je pense à la Polynésie française, à Wallis et Futuna, ou dans d'autres territoires, Kap Caraïbes en Martinique OriZon à La Réunion. Je veux tous les féliciter, parce que le travail qu'ils font sur le territoire est important.

Dans le cadre de « zéro exclusion », j'ai mis une enveloppe de trois millions d'euros à la disposition des associations pour 2020. Ces associations seront bien sûr soutenues pour que nous ayons une action plus forte dans les territoires. Je solliciterai par écrit et de façon personnelle les présidents des grands exécutifs locaux pour les sensibiliser aussi à cette question. Je crois que, comme pour les violences faites aux femmes, il faut aussi dans les commissariats de police ou à la gendarmerie dans les territoires d'outre-mer, une présence de psychologues, au-delà des gendarmes et des policiers formés. J'en ai la conviction. Il faut que cela puisse se déployer aussi dans les territoires d'outre-mer.

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