Si le cancer demeure la première cause de mortalité en France, le risque d'en décéder a diminué, notamment grâce aux progrès thérapeutiques et aux diagnostics plus précoces malgré l'inégalité territoriale. La recherche, objet d'une politique volontariste qui doit être soutenue, a permis des progrès conséquents avec des traitements plus efficaces et plus adaptés. Les démarches de prévention individuelle et collective permettent de dépister chaque année des milliers de cancers et d'éviter des traitements lourds et des souffrances. Nous avons voté l'année dernière en ce sens la gratuité du dépistage des cancers du sein et du col de l'utérus pour toutes les femmes de 25 ans. Il faut encore s'attacher à informer les citoyens sur la nécessité impérieuse de la prévention. Aujourd'hui, plus d'une personne sur deux guérit d'un cancer, au point que l'Organisation mondiale de la santé la classe parmi les maladies chroniques. Nous nous devons donc d'accompagner le malade psychologiquement, physiquement et socialement dans sa reconstruction. L'année dernière, l'INCa a publié les résultats d'une enquête réalisée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) sur la vie cinq ans après un diagnostic de cancer. Il en résulte que plus d'un quart des personnes ont connu une diminution des revenus. L'étude présente les profils les plus vulnérables sur les marchés du travail. Il s'agit de femmes, de travailleurs indépendants, de non-diplômés qui vivent souvent seuls. Cinq ans plus tard, un cancer a toujours un impact négatif sur leur vie professionnelle. La détérioration de leur situation au travail est souvent marquée par une accélération de sortie dans l'emploi. Parmi les personnes en activité au moment du diagnostic, une sur cinq ne travaille pas cinq ans après. Le taux de retour à l'emploi est proche de zéro. 33 % de la population française est en situation de précarité ; après un cancer, c'est 66 %. Ces chiffres sont intolérables.
Monsieur le directeur général, dans le cadre des missions de l'INCa, j'adhère totalement à votre stratégie d'envisager les parcours de vie du patient dans le long terme. J'ai entendu que vous avez pris en compte la question de la précarité de l'emploi depuis la parution de ces résultats. Aussi, si un quatrième plan cancer était envisagé, cette question de la précarité de l'emploi constituerait-elle une de vos priorités ?