Ce sont les chiffres officiels, issus des instituts, monsieur Moreau. Il s'agit bien du revenu moyen, la rémunération du travail familial, à laquelle s'ajoute la rémunération du capital. C'est une moyenne, qui peut être contestable. Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de problème et qu'il n'est pas nécessaire d'aller plus loin : bien au contraire, nous considérons que les agriculteurs français doivent vivre dignement de leur métier. Pour autant, ce sont les chiffres.
Les pratiques, elles non plus, ne correspondent pas aux fantasmes. Les marques de distributeurs sont fabriquées par les PME, ce qui explique l'hostilité des grandes entreprises à leur égard, qui voient dans la progression des marques de distributeurs (MDD) une perte de marchés. On parle de déréférencement, mais il faut considérer le nombre total de références : leur niveau sans doute trop élevé – elles ont augmenté de 13 % entre 2014 et 2018 – a poussé certaines enseignes à en diminuer le nombre. La consommation de produits bio progresse de plus de 20 % par an, encouragée par des accords avec la grande distribution dans la plupart des filières. Les importations sont quant à elles très marginales. Enfin, les contrats tripartites de filières de qualité se multiplient.
Vous me permettrez une dernière remarque. J'ai été surpris, en écoutant l'ensemble des auditions, de ne jamais entendre les industriels, à commencer par le président de l'ANIA, prononcer certains mots, comme « agriculteur » ou « consommateur ». C'est à croire que tout cela n'existe que pour le plaisir de produire et qu'il s'agit juste de créer des difficultés dans la chaîne… Je n'ai pas entendu non plus les mots « qualité » et « sécurité », qui font référence à des sujets majeurs pour nous, s'agissant notamment de la charcuterie et des produits laitiers. Sachez que nous avons pris l'engagement, contrairement à ce qui se passe dans les marques nationales, de supprimer le dioxyde de titane dans les MDD : cela montre à quel point nous avançons plus vite. Enfin, je n'ai jamais entendu parler de l'adéquation de la production aux besoins des consommateurs, une autre de nos préoccupations.
Je suis désolé d'avoir été un peu long, mais il était utile que je revienne sur l'ensemble des points abordés au cours des dernières semaines.