Le marché de La Réunion n'est pas un petit marché, mais l'insularité a pour effet de démultiplier le poids de la grande distribution. Déjà très important en France hexagonale, il devient écrasant en outre-mer, où les rapports de force sont encore plus déséquilibrés.
Ce qui nous intéresse, c'est la situation de nos petits producteurs, de nos éleveurs et de nos agriculteurs. Dieu sait combien il est difficile de maintenir des filières dans un environnement comme celui-ci ! Les producteurs locaux mettent souvent sur le marché des produits d'appel. Or ils subissent à la fois des marges arrière excessives et des promotions très importantes, voire insupportables. Cela rend le système mortifère.
À cela s'ajoute, effectivement, la question des produits de dégagement et des produits promotionnels. Les produits de dégagement sont des produits qui, parce qu'ils sont en surproduction ou parce qu'ils ne sont pas vendables en France hexagonale, sont dégagés sur nos territoires, où ils sont vendus à des prix défiant toute concurrence. Nous voyons aussi arriver sur notre territoire, à certains moments de l'année, des produits en promotion. Je pense en particulier à la viande de boeuf. L'été, c'est la saison des barbecues et on mange beaucoup de boeuf. L'hiver, c'est moins le cas et l'on nous envoie du boeuf qui est vendu à prix cassé, ce qui détruit la filière locale.
J'aimerais que vous nous parliez des contrats d'accords commerciaux entre la grande distribution et la production locale. J'imagine que la négociation commerciale entre les producteurs locaux et la grande distribution est très difficile : pouvez-vous nous en dire un mot ?
J'ai abordé des sujets très variés, mais je crois qu'ils sont liés et que vous pouvez nous aider à mieux comprendre la manière dont ils s'articulent.