C'est une bonne question, et elle est difficile. J'ai envie de vous dire que c'est déjà le cas : je répète que la guerre des prix à La Réunion, plus encore qu'en métropole, ne s'applique que sur une part très faible du panier des Réunionnais. Il n'y a pas de guerre des prix sur le reste, notamment du fait des positions de domination locale que j'évoquais tout à l'heure. Les prix sont effectivement élevés, dans la mesure où les promotions ne concernent qu'une part minoritaire des achats.
Je vais vous donner un exemple qui va vous surprendre. Vous savez que les marques de distributeur sont généralement moins chères. Or, à La Réunion, j'ai vu des exemples de marques nationales moins chères que les marques de distributeur. Il serait plus qu'urgent d'introduire une forme de modération et une répartition équitable de la partie promotionnelle, pour faire en sorte qu'elle ne repose pas toujours sur les mêmes produits.
Les Réunionnais consacrent déjà une part élevée de leurs revenus aux dépenses alimentaires, pour des produits qui ne sont pas forcément de très grande qualité. Un encadrement du système promotionnel et un changement de modèle permettraient de rééquilibrer les choses. Il faudrait réduire le recours aux promotions, corriger les effets pervers de la concentration et veiller à ce que les promotions ne soient pas toujours faites sur les mêmes produits. On pourrait imaginer un système qui rendrait plus accessibles les produits de premier prix, mais aussi les produits de meilleure qualité. Prenons l'exemple des aliments pour chien : si vous prenez le premier prix, vous risquez d'acheter deux ou trois sacs par semaine. Si vous choisissez un produit de meilleure qualité, vous payerez le sac plus cher, mais vous n'en achèterez pas trois par semaine. Les Réunionnais le savent.