Pour moi, la raison est simple, c'est le manque de transparence. Sans transparence, cela ne peut pas fonctionner. Chez Lidl, nous n'avons pas attendu la loi alimentation. Une fois de plus, je ne dis pas que nous avons été parfaits depuis 30 ans mais nous avons pris conscience de quelque chose. Ce pays compte 492 000 agriculteurs ; tous n'ont pas les difficultés qu'ont des laitiers, des éleveurs de porcs ou des éleveurs de boeuf. Dans les fruits et légumes, cela se passe bien, d'autant plus que nous traitons avec eux en direct. Si les choses ne se passent pas aussi bien dans le lait, le porc ou le boeuf, c'est parce qu'il y a forcément un intermédiaire. Pour prendre l'exemple du lait, les éleveurs ne demandent pas 50 centimes le litre, ils ne demandent pas à rouler en Porsche ! Ils veulent juste vivre. Je vais bientôt signer un contrat tripartite et je suis presque tombé de ma chaise car le groupement d'éleveurs m'a dit qu'il lui faudrait 355 euros pour mille litres. J'ai trouvé ce chiffre faible mais ils m'ont dit qu'à ce prix, ils s'en sortiraient. La démonstration que j'essaie de faire à travers ces négociations tripartites, c'est que lorsqu'on arrive à s'entendre avec un groupement d'éleveurs qui comprend 500 éleveurs laitiers, sur un prix de base et non pas le prix « toutes primes confondues » de 370 euros, ils sont ravis.
Bien sûr, cela m'a coûté quelques points de marge car je vends au même prix mon litre de lait après l'accord tripartite, mais on parle du lait, du porc et du boeuf. L'industrie aussi se prive de quelques points de marge. Une fois qu'on a tapé dans la main avec les éleveurs à 370 euros vient un deuxième contrat qui est une condition d'achat, où on partage entre les 370 euros et le prix de vente car ils ont des coûts de production et moi aussi, mais cela se passe très bien.