Dans les propositions que nous avons soumises, nous avions demandé d'obliger la négociation tripartite. La loi indique simplement qu'« il faudrait » que les industriels prennent en compte les coûts de production des éleveurs. Or cela fait des années que nous le réclamons et cela ne se passe pas. Si on oblige les uns et les autres, cela peut fonctionner. Si demain j'achète une bouteille d'eau 1 € et la revends au même prix, je me fais punir car je suis en vente à perte. Les éleveurs vendent à perte depuis des années. J'avais demandé à ce que cela soit mis en place mais on m'a dit que ce n'était pas possible. On n'est plus du tout dans la négociation tripartite mais dans un monde idéal. Tout le monde sait aujourd'hui qu'il n'est pas possible pour un éleveur de vivre avec un litre de lait en dessous de 35 centimes. Il suffirait de dire : « Du 1er janvier au 30 juin, c'est 0,35 € minimum pour tous les industriels qui transforment du lait. » On a lâché des millions d'euros à l'industrie laitière le 1er mars. Je peux vous donner le détail sans problème. J'ai des centaines de numéros de téléphone dans mon portable des 5 000 éleveurs avec lesquels je travaille. Je ne les connais pas tous mais je reçois tous les mois de chacun des éleveurs des paies du lait collecté par chacun des industriels, soit 320 sur le mois de mai, et j'ai lâché des millions. Un grand industriel laitier, une coopérative, qui a 20 000 laitiers me dit : « M. Biero, j'entends votre argument mais je ne peux pas le transformer. Pourquoi je ne paie que 320, c'est parce que j'ai pris vos millions et je les ai divisés par 20 000 ». D'accord, mais Monsieur l'industriel, on pourrait très bien rajouter une ligne et indiquer que Lidl a payé pour 370 euros. L'éleveur touche 320 euros mais il saurait que Lidl a payé pour 370 euros et cela en ferait peut-être bouger d'autres.