Intervention de Alexandre Bompard

Réunion du jeudi 11 juillet 2019 à 14h30
Commission d'enquête sur la situation et les pratiques de la grande distribution et de ses groupements dans leurs relations commerciales avec les fournisseurs

Alexandre Bompard, président-directeur général du groupe Carrefour :

Monsieur le député, quand vous avez cité le chiffre de Carrefour, ce que j'essaie de vous faire toucher du doigt, mais vous le savez puisque vous connaissez bien les territoires, c'est que deux tiers des débouchés de l'agriculture, c'est la grande distribution française. Le mode de commercialisation se fait principalement par la grande distribution française, donc l'idée que ce sont deux mondes qui s'opposent, ce n'est pas possible. Moi, j'ai besoin d'une agriculture française qui va bien. J'en ai vraiment besoin, et plus d'ailleurs les consommateurs, comme c'est le cas aujourd'hui, sont à la recherche de circuits courts, de produits locaux, de produits frais, plus j'ai besoin, sans doute plus qu'il y a 30 ou 40 ans, d'une agriculture qui va bien.

La transformation du modèle agricole français, vous la connaissez bien, il y a plein d'éléments qui aujourd'hui expliquent les difficultés de l'agriculture française. Vous les connaissez par coeur. Je lisais un rapport de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) avant de vous rejoindre. Il y a la non-concentration des terres, il y a le coût du travail, il y a les normes phytosanitaires, il y a l'adaptation de l'offre et de la demande et puis vous avez raison, il y a aussi la capacité à augmenter les prix. Vous avez vu qu'à la suite des États généraux de l'agriculture, on a dit qu'il ne s'était rien passé. Moi je ne crois pas. Je ne pense pas que du jour au lendemain, tout ait changé, ce n'est pas le cas, mais les augmentations ont été passées sur un certain nombre de filières. On dit qu'il n'y a que le lait. Oui, mais que n'aurait-on dit s'il n'y avait pas eu le lait ? Il y a des efforts qui sont faits et qui ont été faits, pas seulement par Carrefour, mais par tous les acteurs pour passer des augmentations. Pour Carrefour par exemple, nous avons augmenté de 35 millions d'euros ce que l'on versait aux producteurs laitiers, à la suite des ÉGA. Il y a eu aussi une initiative récente, vous le savez, sur le porc, et dans bien d'autres domaines. Est-ce que c'est assez ? Vous avez raison, ce n'est pas assez. Est-ce que les filières agricoles qui ont inventé les filières qualité Carrefour sont assez ? Ce n'est pas assez, mais on est très largement leader dans ces domaines-là. Il y a 25 000 producteurs et éleveurs avec qui on travaille toute l'année en contractualisant et en enlevant ce qu'est le cauchemar de l'agriculteur : « si j'ai une variation des volumes et des prix, qu'est-ce qui va se passer pour moi ? ». On a pluriannualisé, c'est sur la durée, et on les aide à opérer cette conversion nécessaire qu'ils ont envie de faire, qui est la conversion vers le bio. Est-ce que tout est parfait ? Évidemment que non. Est-ce que la relation est parfaitement aplanie ? Évidemment que non. Est-ce que cela va dans le bon sens ? Est-ce que c'est une priorité ? Est-ce qu'il y a des signes tangibles que nous avançons sur ces sujets ? Vraiment, oui.

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