Vous avez raison, il n'y a pas de honte à ce qu'il y ait des grands groupes français de l'industrie agroalimentaire qui se portent bien, qui se développent et qui conquièrent le marché. Et moi, ma mission, ma responsabilité, c'est d'assurer la pérennité et le développement du groupe Carrefour. Un secteur qui, vous l'avez compris, est aujourd'hui en proie à des transformations, des mutations, des difficultés extraordinairement importantes. Je dois concilier des objectifs – je le disais tout à l'heure – qui peuvent apparaître contradictoires, c'est ma mission.
Quand les équipes négocient avec Nestlé, elles savent quel est le niveau de tension économique qui est le nôtre, et donc il faut que le modèle puisse se développer. Moi aussi j'ai de l'inflation, l'énergie augmente, les coûts du travail augmentent, les loyers augmentent. J'ai une inflation naturelle de 3 %. Je vais vous redonner l'exemple de tout à l'heure. Si je transmettais le + 5 de l'industriel, que j'ajoutais mon inflation naturelle, et que je le transmettais au consommateur, cela ferait + 8. Est-ce que vous pensez que le modèle économique français en macroéconomie tiendrait à + 8 ? On a 0 ou 1 % d'inflation dans ce pays. Si on a 1 % d'inflation en moyenne depuis dix ans, on a aussi 1 % ou 0 % sur les produits alimentaires. Je vous assure que quand je vois l'état – et je m'en félicite, parce que j'ai besoin d'une industrie agroalimentaire qui va bien – je vous assure qu'avec le 0 ou le 1 %, ils arrivent à faire un développement économique de leur groupe de manière extraordinairement réussie.