Il y a vraiment un élément sur lequel nous n'arriverons pas à nous mettre d'accord. C'est dommage parce que normalement c'est l'élément qui est le plus simple, sur lequel on devrait se mettre d'accord le plus facilement. C'est que nous ne sommes pas en capacité de forcer des entreprises de taille mondiale à recourir à des services. Je ne suis pas en position de dire à M. Coca-Cola, à M. Procter, à M. Nestlé, à M. Unilever, à M. L'Oréal, à M. Danone : « J'ai des services, qui plus est fictifs, c'est sur un compte en Suisse, il faut que tu y recours parce que sinon, tu ne seras pas chez moi ». Même si j'étais un voyou et que je voulais le faire, je n'ai pas cette puissance économique là.
Je m'excuse d'y revenir, le rapport de force économique n'est pas celui auquel vous pensez. Qu'il y ait des comportements individuels – vous en mentionnez – qui font souffrir un certain nombre de gens, etc., j'ai pris le point, je vous l'ai dit tout à l'heure. En revanche, sur l'équilibre économique, forcer un acteur à rentrer dans C.W.T. parce que sinon il n'est pas là, sachant qu'en plus, ce n'est pas, comme vous l'avez compris, une instance qui fait du référencement, ce n'est pas le cas.
Sur votre point, madame, je suis un peu surpris, parce que c'est justement notre métier, il faut bien qu'on ait des métiers qui sont les nôtres. Notre métier, c'est la relation avec le client. Il se trouve qu'il y a – je vous le disais tout à l'heure – quatre milliards de transactions par an dans les enseignes du groupe Carrefour. Cette richesse-là d'informations qui est le lien que nous avons avec le client, qui nous permet quand Danone sort un nouveau produit de leur dire : « Ce qu'on a observé au moment d'un lancement sur un produit de ce type avec ce niveau d'innovation, ce qu'on a observé comme potentiel dans telle zone géographique, dans tel pays, dans tel format de magasin, c'est cela, et on est capable d'accélérer ton lancement grâce à cette connaissance du client que nous avons ».
En effet, l'industriel n'a pas ce lien avec le client, c'est le rôle du distributeur. Le distributeur a le lien avec le client. Quand j'étais à la Fnac, j'avais plus d'informations sur le client que Samsung, et d'ailleurs cette donnée-là l'intéressait. C'est le rôle même du distributeur d'être au contact, d'être en avant-poste de la relation avec les clients. Comme nous avons cette relation avec le client, qui est une relation à travers les transactions, les quatre milliards, mais aussi tout ce qui se passe dans les magasins, la compréhension qu'ont nos équipes de vente de ce que souhaitent les clients, nous avons une capacité d'aller voir les grands industriels, en leur disant : « Pour vos lancements, pour vos innovations, voilà ce que l'on peut faire, voilà comment on peut favoriser une réussite d'un lancement d'un produit !» C'est parce que nous avons un lien avec le client. C'est cela le rôle du distributeur : un entre-deux entre le producteur éditeur et le consommateur.