La date butoir constitue effectivement un problème, qui est source de tensions. Étant dans un groupe international, nous pouvons comparer la façon dont les négociations se passent avec les mêmes gros industriels dans d'autres pays et en France. Et il y a un autre problème, celui du 1er mars versus une date butoir qui serait plus avancée. Je m'explique : quand l'on fait un budget dans une entreprise, il faut que l'exercice fiscal soit terminé le 31 décembre de l'année précédente. Et le 1er janvier on commence à investir.
Dans la grande distribution, les choses se passent différemment. En France par exemple nous achetons pour 12 milliards d'euros chaque année. Nous ne savons pas quels vont être les prix d'une grande partie de ces 12 milliards – ceux qui sont liés à la négociation annuelle – pour l'année à venir. Mais, pour le budget, nous mettons un chiffre. L'on va vous dire : « Tu vas bien être capable d'obtenir tant cette année. Et, si l'année dernière tu as obtenu tant, tu dois être capable de faire un peu mieux, puisque tu dois progresser année après année. »
Les négociations annuelles sont donc des négociations précontraintes par l'exercice budgétaire que chaque distributeur a dû préalablement mener avant le 31 décembre de l'année en cours. Dans le cadre de la négociation, l'on se rend compte que l'inflation des matières premières, par exemple, peut être différente de ce qui était initialement prévu dans le budget. Il faut quand même aller au combat, avec une contrainte.
Le 1er mars est en soi une date butoir qui nous met de la pression, par rapport à d'autres pays, mais le fait que ce soit le 1er mars et non par exemple le 15 décembre crée une pression encore plus forte.