J'irai dans le sens de mes collègues, qui ont très bien dit les choses : un peu plus d'un an après l'instauration de la limitation de vitesse à 80 kilomètres à l'heure, la réalité a rattrapé tous les discours de l'époque selon lesquels la réduction de la vitesse maximale de 10 kilomètres à l'heure sur le réseau secondaire résoudrait le problème de la mortalité routière. Nous nous sommes en effet félicités, l'an dernier, d'une baisse de la mortalité, mais elle était déjà enclenchée dès le début de l'année, avant le passage à 80 kilomètres à l'heure. L'évolution est cyclique et obéit à de nombreux autres paramètres bien plus décisifs que la réduction de 10 kilomètres à l'heure : le téléphone et l'alcool, par exemple, ou encore le comportement au volant. C'est avant tout sur ces facteurs qu'il faut agir.
Autre paradoxe de la mesure que vous avez prise : il reste, sur le réseau secondaire, parfois dans les campagnes, des routes sur lesquelles la vitesse maximale a été ramenée à 80 kilomètres à l'heure et où il n'est même pas possible de rouler à cette vitesse car elles serpentent trop et le danger serait trop grand. Je vous répète les propos que je tenais à l'époque : dans le cas de routes et de passages trop dangereux, abaissons la vitesse maximale à 70 kilomètres à l'heure, comme auparavant. Quant aux passages très roulants en ligne droite, qui ne présentent aucune difficulté – où la réduction de la vitesse maximale provoque au contraire des dangers liés aux dépassements et aux poids lourds, comme l'a souligné Jean-Marie Sermier – , il faut y maintenir la vitesse maximale à 80 kilomètres à l'heure.
Enfin, vous ne pouvez pas, comme l'a fait M. le Premier ministre assez lâchement, disons-le, …