Intervention de Michel Larive

Séance en hémicycle du mercredi 18 septembre 2019 à 15h00
Création du centre national de la musique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Larive :

Je me réjouis que nous ayons à nous prononcer à nouveau sur la proposition de loi relative à la création du Centre national de la musique, tant les enjeux sont grands pour le secteur musical.

La musique fait partie du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Moyen d'expression par excellence, elle nous unit et nous rassemble au-delà des langues et des frontières. Elle est présente dans toutes les sociétés et en cela, elle est peut-être le plus universel des arts du spectacle, selon l'UNESCO.

Ce patrimoine commun, dont la pratique culturelle est la plus plébiscitée dans notre pays, est trop souvent malmené. Nous nous accordons sur la nécessité d'une telle proposition de loi. Elle émane d'un réel besoin et fait d'ailleurs écho à l'une des propositions du livret programmatique de la France insoumise, L'Avenir en commun.

Toutefois, nous restons vigilants à certains points. Tout d'abord, il est souhaitable que la création du CNM ne soit pas propice à l'externalisation des missions du ministère de la culture, ce dernier étant suffisamment affaibli, avec des moyens en perpétuelle diminution.

Nous n'avons de cesse de dénoncer et déplorer le fait que la culture soit la variable d'ajustement des budgets des politiques publiques. Nous souhaitons donc que le CNM dispose de moyens suffisants pour mener à bien toutes ses missions. Nous en convenons tous, il ne doit pas s'agir de créer, par manque d'ambition ou de volonté politique, un outil qui se verrait empêché de fonctionner de façon optimale.

Le secteur musical connaît des difficultés croissantes. La création du Centre national de la musique doit s'accompagner d'une réflexion globale sur le secteur musical, son développement, sa pluralité, mais également garantir aux musiciennes et aux musiciens la possibilité de créer dans les meilleures conditions et vivre correctement de leur art. La paupérisation touche de plus en plus d'acteurs du secteur musical. II est donc urgent de mettre en place des mesures concrètes pour résoudre ces problèmes, et le CNM pourrait y contribuer.

Nous serons également attentifs aux effets de la mutualisation de l'ensemble des services. Nous sommes conscients des conséquences qu'engendre l'emploi de ce terme : dans votre novlangue, « mutualiser » signifie « réduire les moyens humains et financiers » – nous l'avons constaté à de trop nombreuses reprises. Ce nivellement par le bas est inscrit dans les lignes du programme Action Publique 2022, qui acte le démantèlement de la fonction publique.

Néanmoins, appliquée de façon cohérente, cette mutualisation pourrait permettre de simplifier les démarches parfois complexes en raison du nombre important d'interlocuteurs. Nous vérifierons que le CNM sera doté d'un budget constant, qui lui confère une pérennité financière et une assise institutionnelle.

La nomination du ou de la présidente du CNM par décret nous inquiète. Il serait plus opportun qu'il ou elle dispose de plus d'indépendance vis-à-vis du Gouvernement, ce qui garantirait que les décisions prises, notamment en matière budgétaire, s'affranchissent du pouvoir central et vont réellement dans le sens de l'intérêt général.

La politique culturelle souffre dans notre pays, à cause d'un manque de subsides, évidemment, mais aussi d'une politique marchande contraire à nos idéaux. Si nous privilégions une culture émancipatrice, qui serait à la fois le moteur et le reflet de la libération individuelle et collective, le Pass culture, véritable archétype de l'individualisation et de l'hypermarchandisation de la culture, illustre bien votre politique mercantile. Nous pensons qu'il faut éloigner la culture de l'emprise du marché, de la loi de la rentabilité et du règne de la finance. Le Centre national de la musique ne devrait pas faire exception. Nous devrons donc nous assurer des conditions de son indépendance et garantir l'intérêt général, quitte à froisser certains intérêts privés.

Comme vous l'aurez compris, nous sommes favorables à la création du CNM, à condition que celui-ci soit doté de moyens à la hauteur de ses enjeux. Nous y veillerons lors du projet de loi de finances à venir.

Le secteur musical pèse aujourd'hui 8,7 milliards d'euros, celui des jeux vidéos 4,9 milliards d'euros. Il serait pertinent d'accompagner ce secteur en pleine expansion. Puisque nous sommes en synergie, dans une dynamique servicielle, …

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