Intervention de Jean-Baptiste Lemoyne

Séance en hémicycle du mercredi 18 septembre 2019 à 15h00
Accord de coopération entre l'union européenne et l'afghanistan — Discussion générale

Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'état auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères :

Je souhaite répondre aux orateurs qui se sont exprimés dans la discussion générale, et qui ont évoqué de nombreux éléments relatifs à l'Afghanistan et à la coopération entre la France ou l'Union européenne et ce pays.

Monsieur Mélenchon, vous avez bien vu ma réaction lorsque vous évoquiez le contenu de l'accord. Dans un premier temps, vous l'avez réduit au libre-échange ; or il faut le prendre en compte dans son intégralité.

Quand on le lit avec attention – je sais que vous l'avez fait – , on ne peut pas dire que l'article 1er se réduit au développement du commerce et de l'investissement. Cet article définit les objectifs du partenariat : d'abord la paix et la sécurité, puis la promotion d'un environnement politique stable et démocratique, l'instauration d'un dialogue régulier sur les questions politiques, les droits de l'homme et l'égalité entre les hommes et les femmes, l'éradication de la pauvreté… Ce n'est donc pas le libre-échange qui est mis en avant dans cet article – d'ailleurs, les aspects commerciaux que vous avez évoqués ne figurent que dans l'antépénultième considérant.

Il faut le dire et le redire à tous ceux qui suivent nos débats : les échanges commerciaux ne constituent pas l'essentiel de l'accord. Je ne voudrais pas que ce dernier soit réduit à une dimension marginale ! Il est important de le lire in extenso : il comporte un article 3 relatif au dialogue politique, un article 4 relatif aux droits de l'homme… Il vise à définir une méthodologie qui va permettre à l'Union européenne et à l'Afghanistan de structurer leurs échanges.

Monsieur Lecoq, j'ai lu attentivement vos observations sur le rôle des pays voisins, parfois très proches de l'Afghanistan d'un point de vue culturel et historique, dans la reconstruction du pays. L'Union européenne s'engage, ou plutôt se réengage, en Asie centrale. Mme la présidente Carole Bureau-Bonnard et moi-même pouvons en témoigner, pour nous être rendus sur place : il y a quelques mois, l'Union européenne a tenu un dialogue stratégique avec tous les États de la région. Il n'y a donc pas de désengagement, mais plutôt un réengagement européen dans cette zone très importante, aux confins d'un certain nombre d'États puissants comme la Chine, la Russie et l'Inde.

Plusieurs d'entre vous ont évoqué la situation des interprètes afghans qui ont aidé les personnels français en opération – d'ailleurs, il n'y a pas que des interprètes, mais également d'autres personnels civils de recrutement local qui assuraient d'autres missions logistiques au sein des bases militaires.

En 2018, le Président de la République a souhaité que la situation des personnels désireux de rejoindre la France, mais dont les demandes de visa avaient été rejetées lors des deux premières campagnes, en 2012 et en 2014, soit reconsidérée. Au terme de ce réexamen, cinquante et un demandeurs ont obtenu la possibilité de venir en France ; en comptant les familles, ce sont 218 personnes qui ont été accueillies dans notre pays, y compris lors des trois premiers mois de cette année. Nous sommes donc extrêmement attentifs aux demandes : si l'on prend en compte l'ensemble des campagnes, sur les 1 200 personnels civils de recrutement local ayant travaillé auprès de nos forces, 400 ont rejoint le sol français. Certains travaillaient également pour d'autres puissances, d'autres États, et ont fait le choix de rejoindre d'autres pays. En tout cas, sachez que nous ne sommes pas insensibles à leur situation, que le Président de la République nous a demandé d'agir et qu'un certain nombre d'entre eux ont pu rejoindre la France.

Je souhaite enfin saluer l'action d'un certain nombre de vos collègues, y compris sous la précédente législature. Vous avez cité Françoise Hostalier : nous nous souvenons tous de son engagement pour l'Afghanistan et le dialogue inter-afghan, qui est indispensable et sur lequel vous avez d'ailleurs tous insisté.

Voilà, madame la présidente, les quelques éléments que je souhaitais porter à la connaissance de l'Assemblée nationale en réponse aux interrogations des députés et par respect pour eux.

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