Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale a germé l'idée d'un laboratoire multinational où faire renaître une science européenne. Elle a été évoquée dès 1949 par un prix Nobel français de physique, découvreur du caractère ondulatoire des électrons, Louis de Broglie. Son rêve s'est réalisé : il y a soixante-quatre ans, la première pierre du CERN était posée à Meyrin.
Or l'histoire d'une civilisation est inscrite dans les pierres de ses monuments, mais aussi dans les hommes qui l'organisent. Ce texte nous permettra de protéger à la fois les pierres et les hommes de cette institution, source de fierté nationale, européenne et mondiale, comme l'ont exprimé mes collègues.
Au fil du temps, le CERN s'est développé, passant de douze États fondateurs en 1952 à plus de soixante-quinze États membres, observateurs et participants à ses programmes. Nous en poursuivrons la construction grâce à ce projet de loi autorisant l'approbation d'un accord qui donnera à des forces françaises et suisses la possibilité d'intervenir, de protéger, de secourir, au sein du CERN. Moyens et équipements attirent dans ses locaux des chercheurs du monde entier ; cet équipement unique au monde a d'ailleurs permis, en pleine guerre froide, de faire travailler main dans la main, avec les chercheurs du CERN, des scientifiques américains et soviétiques.
En tant que député des Français de l'étranger établis en Suisse et au Liechtenstein, et au nom du groupe UDI et indépendants, je tiens à souligner l'importance que nous accordons à ce laboratoire européen de recherche, qui fait notre fierté ; ainsi que notre profond respect envers ceux qui oeuvrent chaque jour à révolutionner notre quotidien en repoussant les limites de notre connaissance.
Au-delà de la physique théorique pour laquelle ils ont été conçus, les instruments du CERN ont dorénavant des applications dans de nombreux domaines de la vie quotidienne : le diagnostic médical, la thérapie, la fabrication de puces informatiques, et bien d'autres encore. Les découvertes faites en ces lieux sont incommensurables, non seulement pour la science pure, mais pour l'existence de chacun. Ainsi ont été découverts, en 2010, le moyen de piéger de l'antimatière, en 2012, le boson de Higgs – l'une des clés de la compréhension de l'univers tel que nous le connaissons aujourd'hui, tel que nous aimerions le connaître mieux encore. Fait moins connu, au CERN est né le world wide web, qui touche tous les jours chacun d'entre nous.
L'évolution de ce laboratoire ne décélère pas : un nouvel accélérateur de particules d'une circonférence encore plus grande, passant sous la pointe sud-ouest du lac Léman et sous la Haute-Savoie, est prévu pour 2040 et affirmera la domination du CERN sur la scène scientifique internationale. Sa vision reste intacte : ouvrir les portes d'une nouvelle physique, pour reprendre les termes du directeur des accélérateurs et de la technologie, Frédérick Bordry.
Je me permets de placer ici une digression : les organisations internationales genevoises ont connu de nombreuses visites du Président de la République, de membres du Gouvernement ; mais je crois que rien de marquant n'a encore été fait pour le CERN. Ma collègue Olga Givernet, mes collègues de l'Ain et de la Haute-Savoie et moi-même aimerions voir mise en évidence l'importance du CERN, notamment par une visite de grande ampleur.
Nous avons envers le CERN une dette dont nous ne pourrions nous acquitter : cet accord confère une reconnaissance à ceux qui travaillent en son sein, et les encourage à poursuivre leur tâche, qui constitue un devoir envers l'humanité. L'accord instaurera un cadre juridique spécifique, un cadre légal clair, pour permettre une intervention en cas d'urgence sur l'ensemble de ce territoire transfrontalier.