Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du mercredi 18 septembre 2019 à 15h00
Accords avec le tchad et l'angola relatifs aux services aériens — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Le prétexte de la lutte contre le terrorisme prime désormais – et c'est un prétexte.

Car la lutte contre le terrorisme est devenue un blanc-seing pour les dictateurs de la région sahélienne, qui peuvent ainsi opprimer leur peuple en toute impunité. À rebours de l'objectif affiché, la lutte contre les actes de violence, instrumentalisée par les dictateurs, devient un terreau pour le terrorisme. Car c'est bien la misère produite par ces gouvernements qui profite aux groupes terroristes.

Boko Haram, qui a fait de la région du lac Tchad l'un de ses bastions, prospère sur l'extrême pauvreté qui y règne. Prenons l'exemple des pêcheurs kanuri. À cause de la disparition de 90 % de la superficie du lac et faute d'une politique étatique digne de ce nom, ils n'ont plus de poissons à pêcher et ont fini par soutenir les djihadistes.

Continuer à soutenir un régime qui réprime et maintient dans la misère sa population au nom de la lutte contre le terrorisme est complètement contreproductif, en plus d'être particulièrement indécent.

Nous nous associons donc aux associations, journalistes et intellectuels qui, dans une tribune parue dans Libération en décembre dernier, appelaient le Gouvernement à « cesser ce pacte de Faust avec Idriss Déby » et demandaient que « l'opération militaire Barkhane au Sahel fasse l'objet d'une évaluation afin de déterminer si son action est véritablement efficace contre le terrorisme islamique ou, si en plus de poser un évident problème de souveraineté, elle permet le maintien au pouvoir d'autocrates qui n'ont cure de la souffrance de leur peuple ».

Malgré son apparence anodine, le nouvel accord conclu avec le régime tchadien est une offense faite à toute la population tchadienne mais aussi au peuple français que nous représentons, lequel se trouve ainsi associé aux exactions commises par le régime.

Voilà pourquoi il est temps non seulement de répondre à l'urgence climatique impérieuse en limitant le développement du trafic aérien – c'est une exigence valable pour tous les accords relatifs aux services aériens – mais aussi et surtout de rompre les liens incestueux, délétères, mortifères que notre pays entretient depuis longtemps avec de trop nombreux dictateurs sur le continent.

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