Intervention de Pascal Brindeau

Séance en hémicycle du jeudi 26 septembre 2019 à 9h00
Bioéthique — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Brindeau :

La difficulté et l'incohérence qui caractérisent ce projet de loi tiennent au fait que, voulant régler en permanence des problèmes de discrimination, il finit par en créer de nouvelles. Ainsi, ayant autorisé une femme seule à recourir à la PMA ou les femmes à conserver leurs ovocytes pour reporter un projet de grossesse, au nom de quels principes allons-nous refuser à une femme dont l'époux ou le conjoint décède – avant l'insémination mais alors que la procédure d'AMP est engagée – de mener à bien le projet parental ? Allons-nous lui infliger l'obligation de recourir à un tiers donneur si elle souhaite poursuivre ce projet maternel juste après ou trop longtemps après le décès ? Ce serait dramatique : on lui imposerait ainsi un double deuil.

Évidemment, c'est un débat très compliqué et chacun d'entre nous est partagé sur cette possibilité. J'entends tout à fait que cet enfant ne doive en aucun cas représenter le deuil du décès du conjoint. Il n'est pas un enfant « thérapie » et la femme placée dans cette situation doit recevoir un accompagnement particulier.

C'est pourquoi l'amendement que je propose tend à encadrer cette pratique dans le temps : au minimum six mois et au maximum dix-huit mois après le décès, après autorisation de l'Agence de la biomédecine. En outre, la naissance d'un enfant après insémination mettrait un terme à la possibilité d'avoir ultérieurement des enfants issus des gamètes du père décédé. La procédure serait réversible et la femme survivante pourrait à tout moment l'interrompre en fonction de l'évolution de son deuil et de son projet. Je ne vois pas au nom de quels principes on pourrait aujourd'hui refuser cette possibilité à une femme dans cette situation.

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