Je reconnais un mérite aux auteurs des amendements, notamment à Jean-Louis Touraine : leurs propositions relèvent d'une certaine cohérence intellectuelle et philosophique.
Dès lors que la technologie peut être mise au service de la volonté individuelle – ou plutôt collective, car il s'agit d'un couple – , ils considèrent que celle-ci prime sur les règles légales, ainsi que sur les règles éthiques, car, comme l'a démontré Mme la ministre, le transfert d'ovocytes de l'une des deux femmes – épouse ou non – pour que l'autre puisse porter l'enfant demeure un don. Techniquement, il faut procéder à un prélèvement, à une fécondation in vitro et à une réimplantation des ovocytes. Cela demeure donc un don, plus précisément un don dirigé, lequel est contraire à nos principes éthiques.
Ainsi, nos collègues, pour justifier leur philosophie de la primauté de la volonté individuelle ou de celle du couple, et de l'utilisation de la technologie au service de celle-ci, acceptent petit à petit d'abaisser la garde s'agissant de nos principes éthiques, ce qui les amènera tôt ou tard à l'abaisser tout à fait, et à justifier intellectuellement et philosophiquement le recours à d'autres techniques prohibées à l'heure actuelle.
Je n'irai pas jusqu'à affirmer que la ROPA est une gestation pour autrui, mais nous sommes à la frontière. On pourrait dire qu'il s'agit d'une gestation pour autrui intrafamiliale.