Quand on parle d'embryons, on parle d'êtres en devenir. Je reprends vos propres termes, monsieur le rapporteur : des êtres inachevés, donc, mais en devenir.
Or, lorsqu'on parle d'un être en devenir, certains termes ne conviennent pas : celui de « qualité », par exemple, tout comme « amas de cellules » ou « matériel génétique ». Je préfère le terme « dignité », que vous avez vous-même utilisé, monsieur le rapporteur.
On peut comprendre que l'on parle d'un embryon « non viable » : cela signifie qu'il n'ira pas à terme, qu'il ne sera pas un bébé. Mais pourquoi parler de « qualité », d'« amas de cellules » ou de « matériel génétique » ?
Toutes ces questions, nous devons nous les poser en l'état de la médecine prédictive aujourd'hui et demain. Concrètement, que se passe-t-il pour les trisomiques ? Je croise souvent dans ma rue un jeune trisomique : il vaque à ses occupations, me salue et me sourit. Qu'en est-il, par ailleurs, d'une possible sélection des enfants atteints de nanisme ?
Quand on utilise les termes de « qualité », d'« amas de cellules » et de « matériel génétique », on prépare forcément quelque chose. Je demande donc que l'on rompe définitivement avec ce vocabulaire et que l'on fasse preuve d'humanité à l'égard d'un être inachevé, mais en devenir.