Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du jeudi 3 octobre 2019 à 21h30
Bioéthique — Après l'article 4

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Oui, de l'ensemble des collègues, de l'opposition comme de la majorité.

La démocratie peut sortir grandie de ce débat. Cinq balises marquent ma réflexion.

La première est d'évacuer toute justification du bien commun reposant sur un ordre naturel ou ancien : cette conception m'est étrangère. Je crois à la République comme cadre protecteur des libertés individuelles et de l'espace public. Je crois aussi qu'elle est un creuset, où les sources spirituelles, dans leur diversité, peuvent nourrir la quête toujours inachevée d'une vérité commune.

Ensuite, le clivage, nous l'avons vu dans nos rangs et nos débats, entre progressistes et conservateurs est complètement désuet et réducteur. Il éclipse le sens que nous donnons au progrès et à la vision de l'humain qu'il sous-tend. Il s'agit moins de conforter notre rapport à la tradition, ce n'est pas mon cas, que de confronter, dans le respect, nos boussoles anthropologiques. La qualité de nos débats tient au fait que chacun a pu y exprimer ses valeurs, ainsi que les fondements de ses engagements. Le seul archaïsme, auquel nous avons échappé pour l'instant, serait de se prévaloir d'une modernité absolue et oublieuse de la pluralité.

Le point le plus important de mon intervention de ce soir, sur lequel se noue ma différence avec beaucoup d'autres parmi les miens à gauche, repose sur l'idée que je crois, comme Paul Ricoeur, que « c'est par le sentiment d'injustice () que l'on entre dans la recherche du juste ». À mon sens, l'incapacité biologique à procréer, comme la finitude, est constitutive de notre nature humaine et ne relève pas du registre de l'injustice.

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