Je rejoins totalement les propos de nos collègues MM. Christophe Bouillon et Matthieu Orphelin.
Élu de Rouen Sud, j'ai eu à connaître la situation de la commune du Petit-Quevilly, qui est comprise dans le premier secteur d'alerte. J'ai entendu les propos de son maire, lundi soir. Je suis également le député de la commune de Sotteville-lès-Rouen, où se développe le plus important marché de producteurs non sédentaires dans l'agglomération rouennaise, et j'ai entendu dimanche matin ce que disent les producteurs, maraîchers ou agriculteurs, et les consommateurs locaux sur la manière dont ils ont vécu la gestion de cette crise. Je suis l'élu de communes de périphérie, Quevilly-Couronne, où se concentre une grappe majeure d'usines Seveso dans la vallée de la Seine, avec le complexe industrialo-portuaire de Rouen : à Oissel même, à côté de chez moi, se trouve l'usine Yara. Je peux vous assurer, y compris à la lumière de ce que nous disent les salariés et leurs organisations syndicales et des banderoles qu'ils brandissaient lors de la manifestation d'hier, que la gestion de la crise a dysfonctionné.
Une mission d'information est utile pour se projeter sans attendre sur le terrain et pour recueillir des éléments éclairants sur ce qui s'est passé, ce qui se passe et ce qui va se passer, mais cela reste un cadre limité. Je revendique le droit à une commission d'enquête parlementaire. Il est indispensable, selon moi, de mener des investigations poussées auprès des interlocuteurs de terrain, avec toutes les prérogatives qui s'attachent à une commission d'enquête. Cela conduira sans doute très rapidement à des propositions pour améliorer très sensiblement la prévention des risques et la gestion de nouvelles crises. Dans ce genre d'entreprise, la coconstruction d'une exploitation sécurisée se fait avec la direction, mais également avec les salariés et leurs délégués. Tout cela est à refonder totalement. Les salariés sont les premiers experts d'usage de ce qui se passe dans leur entreprise. Par ailleurs, il faut s'interroger sur une réactualisation du rôle de l'autorité environnementale.
Se pose aussi la question de la sensibilisation et de l'information des habitants et de leurs associations : il faut bien avoir en tête que la culture du risque s'est affaiblie, y compris dans ces périmètres, du fait de la désindustrialisation. Auparavant, la culture du risque se transmettait de génération en génération : elle était vivante dans les familles et chez les salariés ; elle s'est peu à peu éteinte. Un gros travail s'impose dans ce domaine.
Enfin, il va bien falloir aborder un autre débat majeur : celui de la localisation des industries lourdes, à risque, et de la configuration habitat-industries dans le cadre de la construction progressive de la ville. Il y a matière à travailler.