Et si, soudainement, vous vous intéressez aux catégories populaires, regardez-les du moins en face. Voyez leur diversité, voyez à quel point la France qui se lève tôt est une France métissée. Tendez-lui la main plutôt que de la pointer du doigt ! Répondez à ses attentes, réparez la rupture d'égalité républicaine dénoncée dans le rapport parlementaire sur l'évaluation de l'action de l'État dans l'exercice de ses missions régaliennes en Seine-Saint-Denis, redéployez les services publics qui sont la clef de voûte de la cohésion nationale.
Il n'y a pas de territoires perdus de la République : il y a d'abord des territoires que la République abandonne. Quelle contradiction ! C'est là où l'on fonde le plus d'espoirs et le plus d'attentes sur la République que celle-ci tourne le dos à sa promesse. Sur ces questions comme sur tant d'autres, il faut moins de discours effrayés et plus d'actes d'espoir.
Ce que nous sommes est un tout, le produit de la lente sédimentation des siècles et de la bousculade des cultures. Suivons, mes chers collègues, le dessein de Victor Hugo qui célébrait l'abolition de l'esclavage en déclarant : « Il faut être un nouveau monde », et construisons une nouvelle mondialité. Or, par ce débat, vous ouvrez la porte – à votre corps défendant, peut-être – à « la défense sectaire et cruelle de l'Un et du Même », selon la formule d'Édouard Glissant.
Chers collègues, il nous faut relancer les dés du progrès humain ; ce ne sont pas les chantiers qui manquent. Et, puisque vous prétendez parler aux classes populaires, les députés communistes ont beaucoup d'idées à vous soumettre : l'on pourrait commencer par rétablir l'impôt sur la fortune, par exemple !