Monsieur le ministre, je vous remercie, au nom du groupe Libertés et Territoires, pour votre présentation détaillée et précise. Mon intervention portera sur l'APD, dont il a déjà beaucoup été question.
Le Président de la République nous avait rassurés en s'engageant, à plusieurs reprises, à porter l'APD à 0,55 % du revenu national brut d'ici 2022. Malheureusement, plusieurs signaux négatifs se sont succédés dernièrement. La loi d'orientation et de programmation relative à l'APD, qui avait été annoncée, ne cesse d'être reportée. J'ose espérer que le projet de loi sera au moins déposé, sinon voté, d'ici la fin de l'année. Cette situation est d'autant plus préoccupante que la semaine dernière, face aux Nations unies, et pour la première fois depuis deux ans, le Président de la République n'a pas mentionné l'aide au développement comme une priorité. Elle représente aujourd'hui 0,43 % du RNB et, pour atteindre l'objectif de 0,55 % en 2022, ce sont plus de 4 milliards d'euros supplémentaires qu'il nous faudra mobiliser.
Cette année, le budget de l'APD n'augmente que de 210 millions d'euros en CP. Une hausse constante serait préférable à la trajectoire du Gouvernement qui, s'il veut tenir ses promesses, devra fournir un effort sensible sur les deux dernières années du quinquennat. Une hausse constante serait plus sûre et nous mettrait à l'abri de l'incertitude conjoncturelle, qui est susceptible d'être amplifiée par un Brexit dur, une crispation politique au Moyen-Orient ou une crise financière, toujours possible. Nous sommes déjà en retard sur la trajectoire définie par le CICID en février 2018.
Le Président de la République a multiplié les démarches multilatérales au cours des derniers mois : je pense à la multiplication par dix de notre participation au Partenariat mondial pour l'éducation, au doublement du Fonds vert pour le climat, ou encore au renforcement de notre aide humanitaire. Ce sont d'excellentes nouvelles, qui nous obligent néanmoins à renforcer les crédits de l'APD dès ce projet de loi de finances : il y va de notre crédibilité à l'international.
Enfin, nous avons évoqué ce matin, avec le président de la Conférence des universités, la question de l'augmentation des frais d'inscription des étudiants étrangers dans nos universités. Cette augmentation aura des conséquences directes sur notre influence, notamment en Afrique francophone : les étudiants seront de moins en moins nombreux, à mesure que l'étau des capacités laissées aux universités se resserrera. N'y a-t-il pas une contradiction à vouloir contenir ces étudiants dans leur pays d'origine avec notre politique d'aide au développement ? Faudra-t-il puiser dans les 0,55 % pour maintenir cet accueil, ce qui reviendrait à réduire d'autant les effets d'annonce ?